mardi 28 avril 2015

Nucléaire /non-prolifération : à quand une Z.E.A.N. au Moyen-Orient ?


La  conférence d'examen du TNP se tient en ce moment (et jusqu'à la fin mai )  aux Nations Unies . Comme il y a 5 ans on reparlera probablement des "zones exemptes d'armes nucléaires". La question est : va-t-on seulement évoquer le sujet ou bien va-t-on comme en 2010 programmer une conférence sur la non prolifération au Moyen-Orient...avant de faire marche arrière ?

La conférence (qui devait alors se tenir à Helsinki en 2012 ) est "passée à la trappe" . Et l'on sait que les trappistes sont bien silencieux. Le constat est que chaque fois que l'on avance d'un pas, on recule d'autant. Évidemment une ZEAN au Moyen-Orient n'est pas facile puisqu'il faut l'unanimité au sein de la région...et l'on voit bien que l'unanimité ne va pas de soi . 

Pourtant l'occasion est là : quelle meilleure garantie l'Iran pourrait-il offrir dans la finalisation d'un accord sur le nucléaire que de souscrire à un projet de zone dénucléarisée au Moyen-Orient?

 La France souscrit à ce projet de ZEAN et met en avant les garanties qui seraient - en contrepartie - offertes aux Etats renonçant à l'arme nucléaire. 

Des ZEAN existent : Amérique latine, Afrique , Asie centrale ... mais le Moyen-Orient est une poudrière où se démènent des activistes de tous bords : il ne faut pas encourir le risque de leur "vendre la mèche "...

jeudi 23 avril 2015

"Etat" islamique : quelle stratégie d'alliance ?


Un récent tweet de l'ancien Premier ministre François Fillon appelait à une mobilisation générale pour faire cesser la marche en avant du pseudo "Etat" islamique : un combat où l'Occident dans son entier (avec la Russie) entreprendrait une guerre sans merci. 

Cependant on peut se demander si des chars et des avions de combat suffisent à anéantir une organisation qui livre une guerre au monde entier et dont les soldats émergent ici et là réellement missionnés ou croyant l'être .

 Il faut tenter d'analyser la situation et se demander aussi si un courant islamique fédère ces organisations et leurs ramifications . On constate alors que la plupart de ces filières djihadistes se réclament du sunnisme . Évidemment cela ne signifie pas que tous les régimes sunnites couvrent des actions terroristes mais le fait est là : actuellement ce sont des sunnites qui "tirent les ficelles" (ou les ont tirées avec des financements).

 Dans ces conditions les meilleurs "fers de lance" pour neutraliser les organisations terroristes ne sont-ils  pas les chiites et plus particulièrement l’État Iranien si ardemment contesté par les sunnites?

 Comme en appelle François Fillon il est certes indispensable que les nations occidentales (dont la Russie) ne baissent pas les bras. Mais il faut aussi éviter le piège tendu : celui d'une "guerre sainte" Occident chrétien contre Etats musulmans alors qu'il s'agit tout autant d'une guerre entre sunnites et chiites . Dans notre cordée (aux prises avec un Himalaya redoutable) l'Iran chiite est très certainement notre meilleur allié et l'un des "premiers de cordée".

lundi 20 avril 2015

Libye / immigration : L' '' Union Pour la Méditerranée " (UpM) est-elle au rendez-vous ?



A juste titre la situation actuelle révulse : des centaines de personnes noyées alors qu'elles recherchaient seulement un horizon à leur vie . L'Europe se tourne dans tous les sens : L'agence européenne Frontex en charge de la coordination des politiques d'immigration est-elle à la hauteur? On déplore ses faibles moyens . 

 Mais la situation a une autre dimension au-delà du versant humanitaire : il faut se demander pourquoi des milliers de personnes fuient leur pays (ou du moins ce qu'il en reste).

 A défaut d'un Etat retrouvant une certaine stabilité et une meilleure sécurité les populations venant de Libye ou transitant par ce pays continueront à fuir confiant leur vie à de vils marchands d'illusion ...et l'Union européenne fera le même constat : impossible de bâtir un mur pour contenir ces vagues désespérées.

De la même manière que nous avons l'ambition d'aider à la reconstruction d’États au Levant, de la même manière l'Union devrait aider à la remise sur pied d'un pays en plein chaos depuis 2011. 

C'est peut-être là une mission à envisager dans le cadre de l'Union Pour la Méditerranée (1)au-delà des préoccupations actuelles ( dépollution , "autoroute de la mer"...). D'autres missions , bien plus urgentes.

_________

(1) L'Union Pour la Méditerranée ou UpM (qui a succédé à l'Union méditerranéenne de 1995) est en place depuis juillet 2008.

jeudi 16 avril 2015

Tombes profanées : Le "politiquement correct " ...



Des réseaux sociaux s'étonnent que l'on n'utilise pas unanimement le terme "profanation" à propos des 200 tombes saccagées hier à Castres dans le département du Tarn . Quelques uns regrettent que tel magazine ait employé le terme "vandalisé" au lieu de "profané". 

 Un lecteur d'un journal régional en ligne s'étonnait de ce que l'on ne parle de profanation que lorsqu'il s'agit de tombes musulmanes ou juives alors que des médias s'en tiendraient à évoquer des actes de vandalisme ou de saccage lorsqu'il s'agit d'un cimetière lambda .

J'imagine que le "politiquement correct" aurait dû conduire à employer la même expression . Mais pour autant parle-t-on souvent de tombes "chrétiennes" ?

La dimension religieuse s'est estompée alors même que l'expression "carré musulman" ou "juif" acquiert de suite cette dimension puisqu'elle renvoie étymologiquement à une religion. Il y a là un marqueur relevant du sacré comme l'exprime la racine du terme profaner  : pro-fanum .

Le "politiquement correct" n'aurait pas dû faire de distinction .

lundi 13 avril 2015

Décomplexifier la vie : nouveaux services ?



Les "services à la personne" sont (à en croire les gouvernements successifs) de vrais gisements d'emploi. Je le crois volontiers . Non pas seulement en raison de la "montée en puissance" des seniors mais du fait d'une vie quotidienne qui se complexifie à outrance : règlementations tatillonnes et multiples sollicitations dont nous sommes l'objet dans notre "global village''.Trouver le bon service ou la bonne porte au bon moment est un labyrinthe qu'éclairent seulement des sites internet plus ou moins racoleurs.

Les Espagnols - depuis longtemps - se sont rendus compte de la difficulté de se procurer tel ou tel document, d'effectuer telle ou telle démarche : c'est pour cela qu'ils ont créé des gestorias , sorte d'intermédiaires ou de facilitateurs de démarches.

 En France a-t-on songé à créer des "guichets" multi-services tant dans le domaine privé pour les besoins courants que pour trouver son chemin dans la jungle administrative ? Il s'agirait en fait non de ''guichets'' cloisonnés (du style "points d'accueil de service public") que de fenêtres largement ouvertes : des baies vitrées en quelque sorte.

 Cela supposerait une équipe dynamique munie d'un "carnet d'adresse" balayant bon nombre de champs  : services au quotidien, conseils en vue d' un voyage etc..Tout cela relèverait évidemment du domaine privé et supposerait une modique rémunération . La contrepartie serait un avis rigoureux et objectif ou une "mise en relation" téléphonique rapide.

La liste est longue des besoins à satisfaire qu'internet ne satisfait pas du fait des "manipulations" publicitaires de tous ordres et qui arrivent - telles les giboulées - de manière inopportune sur l'écran d'ordinateur.

Peut-être est-ce une utopie d'une société trop "avancée"? Oui, probablement. Car il y a des domaines dans lesquels on ne peut agir sur commande. Mais c'est là un autre sujet...

jeudi 9 avril 2015

Amérique Latine / Alba : Une "Aube"moins dorée ?



L'ALBA acronyme de "Alternative Bolivarienne pour notre Amérique" signifie "Aube" en espagnol . Telle était probablement la vision du Président Chavez (Venezuela) il y a plus de 10 ans . Mais pour cet ensemble régional d'Amérique latine l'horizon s'est depuis assombri et aucune aube - pour l'heure - ne pointe vraiment à l'horizon . 

Dans cette zone les difficultés économiques et politiques s'amoncellent . Société duale, pauvreté, endettement et/ou inflation : ce sont là les défis en permanence à relever. Ces exemples d'économies "alternatives" sont devenus (comme à Cuba) des contre-exemples.

 Ce n'est pas pour autant une raison suffisante pour être un thuriféraire d'un soi disant  "modèle américain" (libéralisme à outrance et société de surconsommation compensée par une bienséance religieuse, tentation pour les États-Unis de mettre sous tutelle l'Amérique latine et d'en faire - comme la Russie en Europe et Asie centrales- leur "étranger proche").

Mais il faut cependant se poser la question : les partis populistes européens (Grèce, Espagne, France notamment...) vont-ils tirer la leçon des déconvenues de plusieurs pays de l'ALBA  ou bien vont-ils persévérer avec pour bannière les portraits de Chavez ou de Fidel Castro ?

Notre intelligentsia qui chérissait jadis Fidel Castro ou Che Guevara en est revenue ...Le rêve a fait  son temps. Certes, de nos jours les héros sont fatigués ou font défaut . Bien des jeunes sont à leur recherche...

vendredi 3 avril 2015

Iran : un nouvel allié au moyen-orient?


L'accord-cadre sur le nucléaire signé hier à Lausanne met fin à une longue période d'incertitude. Les parties ont su faire la part du réalisme et des pressions exercées de toutes parts. Car l' Iran a - dans le passé - beaucoup menti ou éludé les questions posées. Tout comme d'autres pays pour lesquels la transparence était peu compatible avec une diplomatie de l'ombre.

 Ainsi le protocole additionnel au TNP (dont on reparle à juste titre à nouveau ) a bien été signé il y a plus de 10 ans par l'Iran ...mais il n'a pas été ratifié jusqu'ici par le Parlement . Or c'est - en effet - un "verrou"  majeur qui doit permettre aux experts de l'A.I.E.A de se rendre sur place à tout moment pour s'assurer que l'accord est bien appliqué dans ses moindres détails ...et, ainsi, rassurer Israël légitimement inquiet.

 Mais - si les engagements pris sont bien respectés- cela constituera un nouvel axe majeur de la diplomatie occidentale : dans le chaos qui règne au moyen-orient il est bien utile de pouvoir compter sur une puissance régionale émergente qui n'a aucun intérêt à promouvoir ou cautionner le désordre. Cela n'irait pas dans le sens que souhaitent les iraniens qui aspirent à plus de liberté, de dignité et à avoir leur "place au soleil" sans avoir à s'abriter derrière tel ou tel parasol.

 Une "Nouvelle donne" ainsi apparaît pour le moyen-orient et les analystes qui gobergeaient sur une pseudo stratégie du chaos en sont pour leur frais . 

mardi 31 mars 2015

Front national : front sans affront


Si , à l'occasion des élections départementales de dimanche dernier, le Front national avait emporté ne serait-ce qu'un seul département cela m'aurait semblé un affront. Heureusement il n'en est rien . Comme l'a dit justement un journaliste les électeurs ont refusé de donner au parti populiste " les clés de la maison".

 Certes les français sont frondeurs mais delà à imaginer un scénario "à la grecque" il y a plusieurs pas ...qui ont été faits à reculons .

 De la même manière - lors de récentes élections régionales en Andalousie - le parti populiste espagnol Podemos a conquis une quinzaine de sièges mais il n'arrive qu'en troisième position : on est donc loin du "tremblement de terre" (1) que certains prédisaient . 

Ainsi les français protestent et parfois descendent dans la rue . Mais la "Rue" est aussi réfléchie ... Elle sait manifester sur les places et boulevards mais, pendant ce temps, la maison demeure cadenassée...au cas où.

___________

(1) : Un article du journal espagnol ABC titrait au lendemain des élections "No hubo terremoto" (trad: "il n'y a pas eu de tremblement de terre".)

jeudi 19 mars 2015

Démocratie : le "modèle" occidental est-il exportable ?


Non , il ne s'agit pas d'une dissertation mais d'une question - au lendemain de l'attentat de Tunis - qu'on est en droit de se poser. Il est évident que l'anéantissement de l’État Libyen (2011) tout comme celui (en 2003) de l’État Irakien a contribué à asseoir la barbarie terroriste .

Dans les deux cas l'Occident (ou en tout cas certains de ses Etats "phares") est intervenu au nom de la démocratie , de la "bonne gouvernance" . Tout comme les États-Unis ont armé les islamistes appelés à la rescousse lors de l'intervention soviétique en Afghanistan en 1979. 

 Après "l'automne arabe" le sol est désormais jonché de feuilles mortes...

 N'est-il pas temps de se demander si en portant bien haut le flambeau de nos idéaux (et aussi peut-être de nos intérêts) nous ne faisons pas , finalement, le lit des djihadistes de tout poil ?

On dira , certes, que l'Occident a trouvé son assise et sa raison d'être dans ses valeurs , celles exprimées notamment dans la Charte des Nations Unies...et aussi dans une "destinée manifeste" justifiant  une expansion territoriale que nous légitimions en l'appelant " évangélisation ".

 Mais peut-être - du fait des pulsions d'un terrorisme fou - faut-il maintenant changer de cap .

 Notre démocratie occidentale est-elle exportable et ne prend-on pas le risque de susciter un chaos au nom de valeurs qui - hélas- se démonétisent hors du pré-carré occidental ? C'est une question que bon nombre de gens se posent . Sans pour autant - évidemment - basculer vers le repli sur soi populiste ...à la recherche d'une identité qui est notre bien . Un bien qui n'est pas forcément exportable.

jeudi 12 mars 2015

Etats-Unis : une bien étrange correspondance ...



Alors que les négociations portant sur le nucléaire iranien battent leur plein 47 sénateurs républicains viennent d'informer les autorités de Téhéran qu'ils sont en désaccord avec leur Président .

 C'est en tout cas l'interprétation que l'on peut faire du courrier que ces sénateurs ont  adressé aux autorités iraniennes (1) leur rappelant que seul le Congrès était en capacité de lever les sanctions économiques (et donc implicitement qu'un nouveau Président pouvait défaire -en accord avec le Congrès- ce que ferait l'actuel c'est-à-dire un éventuel accord sur le nucléaire iranien).

 Alors qu'en France l'on s'émeut des contacts que trois parlementaires ont eu récemment en Syrie avec les dirigeants du pays ou leur entourage , aux Etats- Unis ce ne sont pas 3 parlementaires mais 47 qui "parlementent " dans le dos de leur Président ...et cela en pleine négociation menée par le secrétaire d'Etat.

Une pétition aurait été mise en ligne (2) sur le site de la Maison Blanche par 160 000 américains demandant de poursuivre "pour trahison" les sénateurs en cause ...

__________

(1) et (2) cf. LeFigaro.fr avec AFP mis en ligne le 11mars 2015

lundi 9 mars 2015

Union européenne : Mal armée ?


 Le Président de la Commission européenne M. Jean-Claude Juncker vient d'appeler de ses vœux - face à la Russie - la mise sur pied d'une armée européenne (1).  Est-ce un vœu pieu ou bien la manifestation d'une réelle volonté? Une volonté exprimée par les 28 Etats de l'Union (bientôt 35 d'ici 5 à 10 ans en intégrant les candidatures en cours)?

 Rien ne s'opposerait à une telle option qu'envisageait d'ailleurs le Traité de Lisbonne . Encore faudrait-il que soient résolus au moins deux points : cette armée européenne serait-elle bâtie en coopération avec l'OTAN et sous quelle forme ( force permanente ou forces temporaires) ?

 En outre, les Etats de l'Union européenne (dont la vision n'est pas forcément identique et dont plusieurs ont diminué leurs budgets militaires)sont-ils prêts à financer cette force (sans recourir à des formules alambiquées du type "Athéna") ?

 De fait l'Eurocorps existe bel et bien . Peut-être faudrait-il (au-delà d' États-majors certes bien utiles) lui donner un peu plus de substance?

 Mais le problème non résolu à ce jour - et qui n'est pas prêt de l'être - est celui de la prise de décision dans une Europe ou prévaut l'unanimité en matière  de politique étrangère et de défense...Ce qui  nous amènera un jour à rechercher un consensus au beau milieu d'une Union à  "36 chandelles". 

Cela dit , tout comme nous ne sommes pas prêts - sauf quelques démagogues irresponsables - de  sortit de l'euro, nous ne sommes pas , non plus, prêts à sortir de l'OTAN. Fort heureusement!

Mais l'important est effectivement d'avancer dans la réflexion...et l'action. En cela l'appel de M.Juncker ne doit pas rester lettre morte.

____________

(1) voir l'article "en ligne" dans LEXPRESS.fr avec AFP du 8 mars 2015

samedi 7 mars 2015

Présidentielles 2017 : pourquoi Juppé ?


C'est apparemment un rébus pour une partie de la classe politique et des médias qui s'interrogent : "pourquoi Juppé ? " . La France est actuellement un vivant point d'interrogation (chômage, attentats...et affaires qui surgissent ou resurgissent). Et ce point peut éclairer notre lanterne à défaut de rallumer totalement notre flamme.

Si - comme il semble - des hommes et des femmes tant de gauche que de droite (et du centre) ont les yeux tournés vers l'ancien Premier ministre c'est que sa personnalité apparaît doublement rassurante : il ne court pas - comme certains autres - après l'argent , il possède le sens de l’État (et ce qui va avec : celui de l'intérêt général). Au demeurant personne ne doute de sa compétence et de sa loyauté dont il a su faire preuve en des moments difficiles .

 Au-delà de l'encensement de la part de Jacques Chirac à l'époque (l'expression "le meilleur d'entre nous " a bien fait sourire) l'homme Juppé est en phase avec un besoin du moment : la France a besoin d'un "patron" en qui avoir confiance. Elle sait aussi repérer les bonimenteurs (boni-menteurs), hésite encore à se tourner vers le Front national et estime peut-être qu'il y a une "nouvelle carte " à jouer. Peut-être...

A moins que le Président Hollande bénéficie d'une conjoncture économique plus porteuse (comme le pressentent la Commission de Bruxelles et la BCE). Qui sait ? Les paris sont ouverts ...

mercredi 4 mars 2015

Netanyahou devant le Congrès américain : paroles de prophète ?



Hier , le Congrès a ponctué d'ovations le discours du Premier ministre israélien : M. Benjamin Netanyahou n'y est pas allé de "main morte" en tentant de torpiller les négociations en cours sur le nucléaire iranien. Certes on peut se poser la question : est-ce - comme certains le prétendent - une opération électorale à deux semaines des élections législatives israéliennes ? Est-ce au contraire un discours Churchillien venant prédire au monde une catastrophe déjà bien annoncée ? 

Le Premier ministre israélien est probablement de bonne foi en s'interrogeant sur les risques d'un Iran nucléarisé : le Président iranien Rohani est certainement un homme politique responsable (on n'imagine pas qu'il puisse dissimuler des dizaines de milliers de centrifugeuses sous les montagnes près de la ville sainte de Qôm mais on ne peut - pour autant - s'empêcher de penser aux dissimulations passées : centrifugeuses enfouies à Fordo,  site de Lavizan - Shian  habilement "nettoyé " en 2005 juste avant une inspection de l'A.I.E.A,  réacteur à eau lourde d'Arak pouvant produire du plutonium.

 Bref, autant de raisons d'anticiper d'éventuelles dissimulations que de faire confiance à un Etat qui livre à l'organisation " État islamique " un combat sans merci. 

Les cartes sont en train d'être rebattues au Moyen-Orient : Peut-on faire davantage confiance à Téhéran qu'à Riyad ? Difficile de répondre. M. Netanyahou est-il un prophète ou bien ressasse-t-il depuis 20 ans le même discours ? 

Faut-il choisir entre le court terme (un combat identique contre l'organisation "’État islamique") et le long terme (le risque de dérapage d'un Iran jusqu’au-boutiste mettant le "feu aux poudres") ?

 Le Congrès américain a applaudi debout "comme un seul homme"  : pantomime ou bien tragédie ? 

jeudi 26 février 2015

Union européenne/économie : sortie de crise ?


Faut-il pousser un soupir de soulagement après 7 ans de crise? Des signes sont là qui , comme des mouettes, annoncent la terre promise à des navigateurs fatigués . Certes ces signes sont encore ténus : la Commission européenne ne prévoit pour 2015 qu' une croissance de 1,3 % en Europe et 1% pour la France. Ces taux sont donc encore insuffisants pour engendrer - sauf avec le levier des contrats aidés- une diminution sensible du chômage. 

Cependant à entendre M. Mariano Rajoy, Président du Conseil espagnol qui s'adressait hier 24 Février aux Cortes  l'Espagne entrevoit - enfin - le bout du tunnel avec 400 000 créations d'emploi en 2014 . Ce qui n'empêche pas d'avoir encore un taux de chômage supérieur à 23 %. Mais l'espoir est là puisque les prévisions de croissance sont désormais proches de 2 %.

Seule la Grèce demeurerait dans un puits sans fonds et les discours de M. Alexis Tsipras relèveraient de l'incantation...à destination d'un peuple désespéré (sauf les armateurs dont les navires battent pavillon des îles Vierges ou Caïman...).

 C'est probablement à juste titre que le Président Obama est venu battre un rappel : les politiques d'austérité peuvent aussi casser la croissance et conduire à la déflation . La Commission de Bruxelles prévoit ainsi une inflation négative  (- 0, 1%) en 2015 dans l'Union. 

Qui aura raison ? Des réformes dites structurelles étaient probablement nécessaires. Les États-Unis , eux, ont opté pour la relance et affichent un taux de croissance de l'ordre de 3,5%. Mais peut-être n'avaient-ils pas besoin de réformer leur économie suffisamment libérale ? En France , par contre, il faut lutter vent debout pour "dérèglementer" ... et utiliser le bazooka du 49-3 constitutionnel pour avancer (cf.loi Macron). Il n'est donc pas anormal que la croissance traine les pieds.

samedi 21 février 2015

La France qui broie du noir...


Les journaux "en ligne" foisonnent. Certains se contentent de relater des faits de société et il arrive qu'ils ne rapportent que massacres, viols, assassinats...C'est là leur fonds de commerce . Il est vrai que la France broie du noir en ce moment . Une assistante d'un centre social me confirme qu'elle n'a jamais vu autant de personnes en déprime, angoissées et se cachant sous leur couverture afin de mettre sous couvercle la réalité du moment .

 Les Français seraient-ils atteints d'une pathologie extrême en craignant plus que jamais que le ciel ne leur tombe sur la tête? Cette assistante sociale me dit que les personnes qui ne font pas l'autruche se préparent à voter - lors des élections prochaines - pour le Front national (1). Comme si lui seul pouvait apporter quelque salut...

Il est vrai qu'il est parfois difficile de prendre quelque recul par rapport aux "évènements" de ces derniers mois. On dit d'ailleurs "évènements" pour ne pas les nommer ...comme on évoque les "évènements" de mai 1968 pour ne pas se situer.

 Faire la part du réel et du quasi fantasme , prendre de la distance voilà qui est bien délicat aujourd'hui. Mais la voie du pessimisme, du ressentiment c'est aussi le piège qui nous est tendu. C'est une chausse-trappe  où nous poussent les terroristes de tout poil ...tout comme les bonnes âmes qui exhortent à ne pas bouger tant elles ont peur que nous tombions dans l'amalgame.

________________

(1) 30 % des intentions de vote pour les élections départementales (sondage IFOP pour le Figaro publié sur Le Figaro.fr le 22/2/2015)

lundi 16 février 2015

Moyen-Orient : doubles jeux ?


Il est difficile d'avoir des idées simples (comme le suggérait De Gaulle ) à l'égard d'un Orient compliqué. Et le Moyen-Orient reflète cette complexité : les États-nations sont à peu près inexistants du fait du caractère artificiel des frontières (cf.accords Sykes-Picot) et des tensions religieuses entre communautés musulmanes sunnites et chiites.

Viennent s'ajouter les rapports de force opposant les Etats qui veulent s'imposer en tant que puissances régionales : Turquie, Iran,Arabie Saoudite , Egypte. Cette concurrence rend les eaux encore plus troubles.

 On peut également s'interroger sur certains choix stratégiques : fallait-il fermer les yeux lorsque le Qatar ou l'Arabie Saoudite armaient et/ou finançaient le "Front Al-Nosra" en Syrie? Ce mouvement s'opposait à Bachar El - Assad mais il allait aussi faire alliance avec "l’État islamique " . Cette organisation  apparait  finalement comme un sous-produit du gouvernement chiite du Premier ministre Al--Maliki qui a  écarté l'opposition sunnite.Celle-ci a alors appuyé ou rejoint les rangs islamistes radicaux. Les États-Unis qui sont restés sur place jusqu'en 2011 n'ont rien vu venir .Nous non plus.

Deux questions au moins peuvent maintenant se poser :

1- Faut-il continuer à soutenir l'Arabie Saoudite et le Qatar qui ont indirectement contribué à l'émergence du soi-disant "Etat islamique" quand bien même il ne s'agirait que de financements privés comme certains l'assurent ? Cette question se pose tant aux États-Unis qu'à l'Union européenne .

2- Faut-il appuyer plutôt la montée en puissance de l'Iran qui est en première ligne contre les djihadistes salafistes via - notamment - le Hezbollah ? Cela passerait-il par un accord sur le nucléaire auquel Téhéran est attaché et dont il affirme qu'il n'entraînerait pas de dérive militaire ? Israël redoute ce scénario. Cela supposerait aussi que les pays occidentaux rebattent leur carte à propos de la Syrie et de leur position à l'égard du régime actuel.Il va sans dire qu'un tel changement d'optique entraînerait un repositionnement de la Turquie sunnite opposée au gouvernement syrien ...et qui rêve peut-être aussi d'une "Grande Turquie" héritière de l'empire ottoman.

                                                              ________________

Le bon choix ne saute pas forcément aux yeux...sauf à se demander quel est aujourd'hui le danger majeur pour les nations occidentales.S'il s'agit de l'islamisme radical (et les attentats à Paris ou Copenhague vont dans ce sens) on peut estimer que deux " alliés objectifs" émergent : Iran et Egypte. Certes ils sont de confessions différentes mais ni l'un ni l'autre n'ont d'intérêt dans l'avènement d'un Califat....alors que l'Arabie Saoudite ferait de son côté figure ambigüe "d'arroseur arrosé".

vendredi 13 février 2015

Russie : soif de reconnaissance ...seulement ?



En lisant (ou relisant) l'ouvrage de Francis Fukuyama "la fin de l'Histoire et le dernier Homme "(1) on est bien vite convaincu que la Russie est mue - depuis l'implosion de l'URSS en 1991 - par un profond désir de reconnaissance internationale à défaut d'une suprématie à laquelle elle ne peut plus prétendre . Cette ambition correspond à ce que Fukuyama dénomme Mégalothymia reprenant un terme cher à Nietzsche . Reconnaissance ou renaissance ? Les deux points de vue semblent coexister.

La Megalothymia n'est pas une pathologie : c'est simplement un des ressorts des relations internationales mêlant considérations stratégiques (contrôle des frontières, tentative de vassalisation des Etats appartenant à " l'étranger proche") et souci d'être reconnu sur la scène internationale. 

Il est vrai que la Russie de Vladimir Poutine n'est plus celle de Gorbatchev ou de Boris Eltsine  et qu'il existe probablement un fil conducteur reliant les initiatives et rendant cohérentes les influences recherchées : Union eurasiatique , coopérations au Moyen-Orient , alliances ponctuelles avec la Chine ...et tentatives pour reprendre pied en Europe Centrale .

 Difficile cependant de faire la part de ce qui ne serait qu' une aspiration pacifique pour retrouver la place jadis occupée par l'URSS...ou bien (si tant est que l'on puisse faire le tri ) volonté de puissance et de domination.

L'évolution de la situation en Ukraine nous renseignera bien vite.

__________

(1) Flammarion (Champs) 1992

lundi 9 février 2015

Contre le Front National : faire bloc


Le score du Front national aux élections législatives partielles du Doubs (environ 48 %) montre l'impact de ce parti au-delà de l'extrême droite traditionnelle. Des électeurs de l'UMP ont très probablement voté pour la candidate frontiste qui a failli l'emporter. 

Il ne s'agit - heureusement - que d'une élection législative partielle et les conséquences en sont minimes. Sauf que le "boulet" est passé très près. Sauf que cela démontre bien et la désespérance d'une part de la population et/ou les griefs et rancœurs que récupère le Front national ( lien entre immigration et islamisme par exemple ...). 

La France en même temps qu'elle doute quelque peu d'elle même et enfourche la vague "protestataire" est également  persuadée que le Front national qui sait si bien critiquer est dans l'incapacité (1) de gouverner : programme économique indigent et démagogue, incapacité de conduire une politique étrangère maîtrisant les enjeux de notre temps : Moyen-orient, Afrique, Europe de l'Est etc...C'est ce que deux tiers des Français expriment dans des sondages . 

Mais attention cependant de ne pas jouer avec le feu !

___________

(1) sondage Opinionway pour Metronews et L.C.I  cité par Le Point.fr du 8/2/15 selon lequel 65 % des Français considèrent que le Front national est incapable de gouverner (source AFP)

Ukraine : faire front


Certes il ne s'agit pas de l'épisode des fusées de Cuba ou bien de l'entrée des chars soviétiques à Budapest ou à Prague : les 2 bombardiers russes TU-95 interceptés fin janvier au large des côtes françaises et britanniques n'étaient certainement pas armés de missiles nucléaires...mais ils sont venus narguer l'OTAN .

Dans un contexte d'irrationnelles tensions les initiatives du Président Hollande et de la Chancelière Merkel sont bienvenues car la diplomatie a toujours son mot à dire ...à condition de ne pas invoquer l'esprit de Munich en 1938 plutôt que celui du 11 Janvier 2015 exprimant aussi  la solidarité de l'Union européenne.

 Il est évident que la Russie (pour masquer des conflits intérieurs?) cherche à remettre dans son filet à papillons son "étranger proche" passé prestement dans le camp occidental . C'est le cas de l'Ukraine et ce peut être bientôt le cas des Pays Baltes que Moscou s'essaye de rattraper.

Tout comme l'Occident se montre ferme à l'égard de l'Iran, il serait inconcevable que nous relâchions notre vigilance à l'égard de Moscou . Certes la Russie n'est plus l'URSS mais le joueur d'échec qu'est M. Poutine n'attend qu'une chose : que nous sacrifions notre "Dame" pour le seul bénéfice d'engranger un "Fou". 

Il ne s'agit évidemment pas d'être un "va t'en guerre" mais seulement de ne pas baisser les bras et de conserver - comme disent les américains - "toutes les options sur la table". Nous n'en sommes certes pas encore à évoquer les accords " Berlin Plus"...tout comme nous ne devons pas nous contenter d'ingurgiter une tasse de valériane.

samedi 7 février 2015

Iran/nucléaire : quelles chances d'aboutir à un accord ?


A Vienne,Munich, Genève ou Istanbul les négociations se poursuivent (officielles dans le cadre du groupe 5+1 ou bien plus bilatérales et donc plus discrètes) . Derrière ces négociations il y a l' ambition de l'Iran de devenir une puissance régionale reconnue 

Le fait d'être un pays du "seuil " c'est-à-dire d'être à même - selon les circonstances - de mettre au point une arme nucléaire mettrait l'Iran en "pôle position" alors même que d'autres pays ont la même ambition , celle de devenir une puissance régionale dominante au Moyen-Orient : c'est le cas de la Turquie, de l’Égypte...et de l'Arabie Saoudite (qui , par ailleurs, nourrit une détestation à l'égard de l'Iran chiite). 

Cet arrière plan est important pour comprendre la position de l'Iran : il s'agit à la fois de ne pas "perdre la face" vis à vis des autres puissances qui émergent ou croient émerger et dans le même temps de donner des gages - sur le plan interne - aux conservateurs qui sont en embuscade. Tout cela au moment où l'Iran subit de plein fouet des sanctions économiques. 

Cela pour dire que - derrière les négociations en cours - et dont le terme est juillet prochain (au-delà de l'échéance "politique" de fin mars) se joue une partie d'échec sur le plan régional (Israël, Turquie, Arabie Saoudite, Egypte...tous aux aguets) et aussi au niveau national : les "gardiens de la révolution" (les Pasdarans) ne sont pas sur l'avant scène mais non loin, juste derrière le décor. Tout comme Israel qui compte bien - devant le Congrès américain - prochainement exposer ses craintes. 

La voie est donc étroite pour trouver un accord : permettre (1) à l'Iran de disposer d'UFE (2) pour ses centrales nucléaires produisant de l'électricité tout en ayant la certitude que ne sera jamais franchi le seuil à partir duquel le niveau d' enrichissement devient un piège .

____________

(1) C'est un des paradoxes du TNP que de vouloir (à juste titre) s'opposer à la prolifération nucléaire et - dans le même temps - encourager le nucléaire à des fins civiles (électricité) alors même que la frontière entre les deux est quasi inexistante (réacteurs dits de recherche, centrifugeuses, réacteurs à eau lourde produisant du plutonium...).

(2) = Uranium faiblement enrichi (ne dépassant pas 5%).