lundi 16 février 2015

Moyen-Orient : doubles jeux ?


Il est difficile d'avoir des idées simples (comme le suggérait De Gaulle ) à l'égard d'un Orient compliqué. Et le Moyen-Orient reflète cette complexité : les États-nations sont à peu près inexistants du fait du caractère artificiel des frontières (cf.accords Sykes-Picot) et des tensions religieuses entre communautés musulmanes sunnites et chiites.

Viennent s'ajouter les rapports de force opposant les Etats qui veulent s'imposer en tant que puissances régionales : Turquie, Iran,Arabie Saoudite , Egypte. Cette concurrence rend les eaux encore plus troubles.

 On peut également s'interroger sur certains choix stratégiques : fallait-il fermer les yeux lorsque le Qatar ou l'Arabie Saoudite armaient et/ou finançaient le "Front Al-Nosra" en Syrie? Ce mouvement s'opposait à Bachar El - Assad mais il allait aussi faire alliance avec "l’État islamique " . Cette organisation  apparait  finalement comme un sous-produit du gouvernement chiite du Premier ministre Al--Maliki qui a  écarté l'opposition sunnite.Celle-ci a alors appuyé ou rejoint les rangs islamistes radicaux. Les États-Unis qui sont restés sur place jusqu'en 2011 n'ont rien vu venir .Nous non plus.

Deux questions au moins peuvent maintenant se poser :

1- Faut-il continuer à soutenir l'Arabie Saoudite et le Qatar qui ont indirectement contribué à l'émergence du soi-disant "Etat islamique" quand bien même il ne s'agirait que de financements privés comme certains l'assurent ? Cette question se pose tant aux États-Unis qu'à l'Union européenne .

2- Faut-il appuyer plutôt la montée en puissance de l'Iran qui est en première ligne contre les djihadistes salafistes via - notamment - le Hezbollah ? Cela passerait-il par un accord sur le nucléaire auquel Téhéran est attaché et dont il affirme qu'il n'entraînerait pas de dérive militaire ? Israël redoute ce scénario. Cela supposerait aussi que les pays occidentaux rebattent leur carte à propos de la Syrie et de leur position à l'égard du régime actuel.Il va sans dire qu'un tel changement d'optique entraînerait un repositionnement de la Turquie sunnite opposée au gouvernement syrien ...et qui rêve peut-être aussi d'une "Grande Turquie" héritière de l'empire ottoman.

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Le bon choix ne saute pas forcément aux yeux...sauf à se demander quel est aujourd'hui le danger majeur pour les nations occidentales.S'il s'agit de l'islamisme radical (et les attentats à Paris ou Copenhague vont dans ce sens) on peut estimer que deux " alliés objectifs" émergent : Iran et Egypte. Certes ils sont de confessions différentes mais ni l'un ni l'autre n'ont d'intérêt dans l'avènement d'un Califat....alors que l'Arabie Saoudite ferait de son côté figure ambigüe "d'arroseur arrosé".

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