dimanche 28 juillet 2013

Elysée : Fictions pour ...2017



La chaleur caniculaire enflamme parfois les imaginations. D'où les lignes ci-après qui relèvent bien sûr de la pure fiction. Toute ressemblance avec tel ou tel personnage serait  évidemment fortuite.

 En ce joli mois de mai 2017 François Hollande cueillait dans le jardin de l'Elysée des roses sans épines.Il venait d'être réélu à la Présidence de la République avec 51, 3 % des suffrages. Si son challenger François Fillon ne totalisait que 48,7% des voix c'est parce qu'il n'avait pas voulu écouter le chant des sirènes du Front National comme le tambourinait Jean-François Copé   (qui ne cessait de vouloir "décomplexer" l'U.M.P).   Brice Hortefeux, de rage, s'était rasé le crane . Il se disait que les rares cheveux qu'il conservait encore ne lui avaient guère porté chance. François Hollande méditait sur un banc du jardin, non loin de la ''grille du coq''. A cette heure du petit matin - l'heure du laitier se souvenait-il - les bruits de la circulation du Rond-Point des Champs Elysées lui parvenaient tamisés et il jouissait de ce quasi silence. Il se mit à rire : le Canard Enchaîné racontait que Nicolas Sarkozy - prenant à contre-pied  Brice Hortefeux - s'était laissé pousser la barbe. Une barbe devenue bleue ironisait le Canard.

  Le Président avait toujours - en son for intérieur - apprécié François Fillon . Il ne l'en appréciait que davantage au lendemain de sa victoire à laquelle personne ne croyait deux ans auparavant. Ce sentiment envers l'ancien Premier ministre en surprenait plus d'un. Il en était lui-même étonné. Non qu'il goûtât avec cynisme ce que Copé appelait une monstrueuse et définitive erreur pour sa '' Droite décomplexée". Non, tout simplement, François Hollande savait que l'ancien Premier Ministre ne tergiversait pas avec ses valeurs : celles d'un chrétien et d'un républicain que ne convainquaient pas les boursouflures du Front National, mélange de démagogie et de provocations. Bref, la droiture d'un pilote automobile qui savait , aussi, négocier les courbes.

                              Mais , plus qu'à Fillon, le Président savait qu'il devait sa réélection au retour, depuis l'an passé , de la croissance. L'OCDE avait prédit 2,1 % et les derniers chiffres pour l'année 2016, qui avaient été annoncés fin janvier de cette année 2017 allaient légèrement au-delà : 2,2 %...D'ailleurs, depuis le second semestre 2015, le chômage s'était mis à baisser sans que le gouvernement ne fasse massivement appel à des contrats aidés. Un mois avant les élections - donc en avril - les chiffres provisoires du chômage communiqués par l'Insee étaient de 9,6 % : une baisse de près de 2 points par rapport aux chiffres du second semestre 2014...Le Président savait que ce retournement de conjoncture, il le devait certes à la fin de la contraction de la demande intérieure mais aussi au surprenant bon en avant des exportations. Sans faire aussi bien que l'Allemagne de Mm Merkel, le déficit diminuait. L'accord de libre-échange signé par l'Union avec les Etats-Unis y était probablement pour quelque chose: les investissements américains en France allaient bien au-delà des investissement Qatari et ne concernaient pas seulement des Palaces ou équipes de foot-ball....

                               Il passa en revue son programme, celui qu'il avait conçu pour ce deuxième et dernier quinquennat. Il se dit qu'il pourrait se permettre des réformes qu'il avait jusque là différées en raison des pressions et louvoiements de son "camp": la réforme qui lui tenait le plus à cœur était celle des collectivités territoriales. Mais il en mesurait tous les enjeux : à la fois le déracinement de certains élus (et il savait - en Corrèze - combien cet enracinement était indispensable ) mais aussi la certitude qu'il fallait élargir la vision : l'Europe n'était pas seulement l'Auvergne ou le Limousin. Il fallait - pour que la France soit au diapason de l'Union - se limiter à 8 grandes régions . Mais la bataille serait rude . Il pensa que le référendum devrait trancher cette question essentielle. Le "Non " l'emporterait-il ? Dans ce cas, il ne ferait pas comme le Général de Gaulle qui se sentit désavoué en 1969 lorsqu'il interrogea les Français sur son projet de réforme du Sénat. Bon, il évoquerait ce sujet avec le Secrétaire Général de l'Elysée , Pierre-René Lemas qui avait réponse à tout : c'est d'ailleurs pour cela que François Hollande tolérait qu'il assiste aux réunions en perpétuel "bras de chemise".

                              Le Président avait une autre ambition pour ce second septennat : faire avancer l'Union politique et aussi donner une impulsion à l'Europe de la Défense. C'était là un exercice d'équilibre : la corde était raide entre la Défense européenne et les liens forts avec l'OTAN qu'il était indispensable de maintenir. François Hollande considérait qu'il ne fallait pas trop faire bouger les lignes de l'OTAN au risque de fragiliser l'Alliance. Ce n'était pas le moment : la Russie s'inquiétait du "bouclier" anti-missiles (destiné à stopper un engin venant d'Iran) et il fallait faire donc front commun. Mais il était tout aussi convaincu qu'il ne pouvait y avoir d'Union politique crédible sans un minimum d'intégration des forces armées, une stratégie commune, des capacités de projection vraiment opérationnelles. Il s'en était entretenu avec la Chancelière Allemande : elle aussi voulait avancer quant à l' Union politique. En revanche, elle ne voulait pas déconnecter de L’OTAN la Défense européenne. Le Président appellerait tout à l'heure Pascal Lamy, le nouveau Président de l' Union qui cumulait en vertu d'une disposition du Traité de Lisbonne les fonctions de Président du Conseil européen et de Président de la Commission. C'était là une simplification bienvenue : les populations des désormais 29 Etats de l'Union savaient enfin qui faisait quoi.

                                Le Moyen-Orient avait - depuis le nouvel accord de Camp David de juin 2014 - retrouvé une apparence de calme. François Hollande avait, de son côté, appuyé sur tous les leviers pour qu'aboutissent les négociations entre Israéliens et Palestiniens.Cela n'avait pas été facile mais l'Union européenne - appuyant les américains et le Secrétaire d'Etat Kerry qui avait fait un travail remarquable - avait su convaincre les responsables du Hamas : de la sorte, le Président de l'Autorité Palestinienne avait pu avoir les mains libres et bénéficier de la crédibilité que le Hamas jadis contestait. La reconnaissance d'un Etat Palestinien par le Conseil de Sécurité avait finalisé le processus. Comme François Hollande le pensait, cette épine sortie du pied avait contribué à calmer les esprits : Israéliens et Palestiniens vivaient désormais dans deux Etats internationalement reconnus. Ils vivaient à côté l'un de l'autre. Pourraient-ils un jour vivre ensemble?

                            Le Président,avant de rejoindre son bureau, fit un petit détour. Il emprunta l'étroit couloir doré et lambrissé qui jadis desservait les appartements de la marquise de Pompadour et permettait d'accéder au bureau du directeur de cabinet. Sonia Desjardins, sa nouvelle collaboratrice (Sylvie Hubac avait pris la tête d'Areva) lui dit que Manuel Valls avait tenté de le joindre : il voulait lui suggérer deux ou trois noms pour le prochain gouvernement qu'il s'apprêtait à diriger...

                                 
                                                                        FIN








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