jeudi 17 septembre 2020

Moyen-Orient / Israel : vers quelle paix ?

 

On ne saurait tenir pour nuls et non avenus les accords signés ces jours derniers entre Israel et les Emirats Arabes Unis tout comme avec Bahreïn . Pour autant pourquoi ne s'accompagnent-ils pas d'un vrai enthousiasme comme pour les accords de Camp David ou bien les accords d'Oslo ? Cela tient en partie à la date de signature , à peine 2 mois avant les élections présidentielles américaine et au sentiment que tout est calculé en fonction de l'échéance du mandat de Donald Trump . Le timing est équivoque . 

A cela s'ajoute un sentiment d'inachevé ou de précipitation : Les Emirats Arabes Unis ne sont pas l'Egypte des accords de 1978 et les Palestiniens (pourtant directement concernés) brillent par leur absence du plan de paix proposé . Sentiment donc d'un accord partiel (en attendant peut-être l'Arabie Saoudite ) et partial (le sort de la Palestine n'est pas réglé) . Certes une "brèche " est ouverte au sein des pays le la Ligue Arabe mais on perçoit que , derrière le plan préparé par les Etats-Unis, le but véritable est d'instaurer et de formaliser un rapport de force destiné à isoler l'Iran dont la menace perçue par Israel s'avère prioritaire . 

Néanmoins on aurait tord de dénigrer ces traités : ils ont le mérite de rompre l'isolement d’Israël qui a le droit de vivre "dans des frontières sûres et reconnues " (1). Cependant le problème Palestinien n'est pas réglé et un kyste demeure au Moyen-Orient pour ne pas dire "une plaie ouverte" que les Etats-Unis n'ont pas réussi à refermer ...ni l'Union européenne d'ailleurs .

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(1) cf. résolution 242 du 22 novembre 1967 du Conseil de Sécurité . Cette disposition concerne aussi bien la Palestine qu’Israël :" the soveignty, territorial integrity and political independence of every State in the area  and their right to live in peace with secure and recognized boundaries free from threats of act or force ".

mercredi 16 septembre 2020

Juppé / présidentielle : candidat non déclaré ?

 


Alain Juppé est un homme secret . En cacherait-il un ? Interviewé par David Pujadas (1) à l'occasion de la sortie de son livre "Mon Chirac" il a eu , à un moment, un étrange silence : le journaliste , faisant allusion à l'âge avancé de Trump (74 ans) et de Biden (77 ans) lui a demandé s'il n'envisagerait pas de se présenter dans le cas où "un vaste élan populaire " se manifesterait en sa faveur . Juppé (75 ans ) est resté silencieux lorsque Pujadas l'a relancé .

L'ancien premier ministre a cité certains hommes d'Etat poussés par une ambition démesurée (Chirac , Sarkozy ) et a affirmé qu'il n'avait pas eu , lui,  cette même flamme . Alain Juppé en tout cas est demeuré étrangement silencieux . Serait-il un recours face au vide du parti "Les Républicains " partagé entre ralliements à LREM et tentations de "cavalier seul " ?

Alain Juppé demeure vraisemblablement un recours si la situation , face au Rassemblement National , devenait tout à coup désespérée et si Emmanuel Macron se désistait . Mais bien sûr ce scénario demeure hautement improbable ...sauf dans un roman de science fiction encore non écrit .

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(1) Sur la chaine LCI le 15/09/20

dimanche 13 septembre 2020

Ségolène Royal : on l'a échappé belle !

 

La naïveté de S. Royal a de quoi surprendre . Lors d'une interview ce matin sur BFM TV l'ex-candidate à la présidence de la République a donné sa solution radicale pour en finir avec le contentieux Grèce / Turquie et le risque de confrontation . Selon elle , il suffit que l'Union européenne , s'abritant derrière les conclusions de la COP 21 sur le climat , enjoigne aux 2 Etats de cesser de songer à l'exploitation de pétrole en méditerranée dans des zones maritimes controversées .

 Mais cela est plus facile à dire qu'à faire :

Comment Mme Royal peut-elle être aussi naïve ? Ni la Grèce ni la Turquie ne possèdent de ressources pétrolières ou gazières et il est légitime que les 2 pays songent à leur avenir énergétique à moins qu'à  défaut de pétrole ils ne souhaitent s'équiper en centrales nucléaires . En tout état de cause l'Union européenne n'a pas de légitimité pour interdire à la Grèce d'exploiter un gisement off shore . Et encore moins pour l'interdire à la Turquie , non membre de l'Union (sous réserve qu'elle respecte le droit maritime international ) .

Cela évidemment n'autorise aucunement une confrontation navale - ou aérienne - entre ces deux "frères ennemis " . Mais le contentieux devrait se régler non en fonction des conclusions de la COP 21 mais dans le cadre de l'OTAN ...ou du Conseil de sécurité s'il apparaissait que M. Erdogan , pris de fièvre soudaine , envisage de mettre le feu aux poudres . En tout cas , on l'a "échappé belle " : la médiation de Ségolène Royal - si elle avait été Présidente de la République - aurait fait Psitt ...                            

vendredi 11 septembre 2020

Partis de l'ordre , partis du désordre


Dans une France à bout de souffle (pandémie , violence , emploi) 2 partis soufflent sur les braises : LFI de Mélenchon et le Rassemblement national de Marine Le Pen . L'un se veut quasiment insurrectionnel regrettant la France de 1792 , l'autre se veut "parti de l'ordre" alors même qu'en appuyant en sous-main les mouvements de rue (du style gilets jaunes...) il fait preuve d'incohérence . 

L'on peut sourire en écoutant les délires mélenchoniens mais on ne doit pas rire en prêtant l'oreille à Marine Le Pen et à ses discours enflammés . Car la montée de la violence en France peut inciter certains à trouver refuge dans ses jupes . Sauf qu'ensuite il faudrait boire la coupe jusqu'à la lie : il y aurait certes un hallali (probablement justifié) à propos de l'islamisation qui s' oppose à nos valeurs républicaines et à nos lois mais ce n'est là que la partie visible de l'iceberg .

En épousant les thèses ultranationalistes le Rassemblement national nous reléguerait dans l'arrière cour de la scène internationale et nous couperait d'une Union européenne en construction qui aura un rôle majeur dans le nouvel ordre mondial qui se met en place (face à la Chine) . A se laisser emporter par l'émotivité , les faux semblants et les apparences les Français ouvriraient un boulevard à l'extrême droite .

 Et le parti soi-disant de l'ordre deviendrait, s'il brisait "le plafond de verre ",  le parti du désordre pendant que M. Mélenchon prierait sans doute pour le retour de Saint-Just, Robespierre ...ou Marat . Et ce ne serait pas là des hologrammes ...

jeudi 10 septembre 2020

Trump prix Nobel ? Alfred Nobel se retourne dans sa tombe ...

 

C'est une surprenante nouvelle : Donald Trump serait " nominé" pour le prochain prix Nobel de la Paix . On peut se demander à quel titre : Cette proposition n'arriverait-elle pas bien à propos au moment où le président se trouve malmené dans les sondages et dès lors désireux de faire flèche de tout bois ?

Il faut croire que M. Christian Tybring , délégué norvégien à l'assemblée parlementaire de l'OTAN, qui l'a proposé pour le Nobel n'en a cure . Il est vrai que ce thuriféraire de M. Trump serait "un partisan des politiques anti-immigration" (1) . Ainsi le mur avec le Mexique aurait pesé de tout son poids dans la balance , plus sans doute que la contribution de Donald Trump à la paix . D'ailleurs M. Tybring est un fidèle du genre puisqu'il a déjà proposé M. Trump en 2018 et 2020 ... sans pouvoir se prévaloir alors d'une action signifiante pour la paix (l'accord Israel/Emirats Arabes Unis était dans les limbes) . 

Alfred Nobel n'a probablement pas lu encore le livre de Bob Woodward à propos de la gestion erratique et opaque de la pandémie par M. Trump tout comme il n'a pas parcouru les ouvrages évoquant les relations particulières de l'intéressé du temps où il gérait casinos et programmes immobiliers (avec quelque(s) tour(s) dans son sac) .

Du haut de son nuage Alfred Nobel s'interroge : Cette éventuelle nomination ne serait-elle pas de la dynamite ...au profit de qui finalement ? 

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(1) journal LADEPECHE.fr (9 septembre 2020) + article Wikipedia " He (M. Tybring) is most widely known for his opposition to immigration , especially Muslim immigation ...In foreign policy he has supported Vladimir Putin... he has also said the west should recognize the Russian occupation and annexation of Crimea ".

vendredi 4 septembre 2020

Sécurité / insécurité : un sentiment ?

S'agit-il seulement d'une bataille de mots ou bien d'une divergence d'appréciation entre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti ? Le premier évoque "l'ensauvagement " de notre société , le second met davantage l'accent sur un "sentiment d'insécurité" qui amplifierait la situation réelle . Cela rappelle des débats d'il y a 20 ans où , dans certaines villes et dans certains "quartiers " ,  des élus refusaient d'appeler un "chat un chat " de crainte de détourner des investisseurs ou bien de provoquer la migration de familles devenues méfiantes et préférant voir ailleurs . D'autres , pendant ce temps , tiraient la sonnette d'alarme en tentant de mettre en avant - pour juguler ce qu'ils pressentaient - les idéaux de la "politique de la ville " défendus avec ardeur et conviction par Jean-Louis Borloo .

Mais le malaise était plus profond : des populations nouvelles refusaient ce que l'on appelle "l'intégration" et s'enfonçaient dans un communautarisme de dépit ou de rejet . L'intégration c'est à dire l'acceptation des lois et des idéaux de la République était devenu un "gros mot " et certains ricanaient lorsque de bonnes âmes y faisaient vaillamment référence . J'en ai été le témoin direct à Argenteuil où j'ai pu observer les replis identitaires en dépit de l'effort des architectes urbains et des services sociaux . Pendant ce temps les salafistes , eux , faisaient leur miel de la situation , dans l'ombre et sans trop faire de vagues en considérant qu'ils avaient le temps pour eux .

Au-delà des "territoires perdus de la République " c'est une évidence que notre société est devenue plus violente : M.Dupond-Moretti aurait-il oublié les boutiques saccagées et les voitures incendiées sur les Champs-Elysées l'an passé ? aurait-il oublié les dégradations commises sous le mémorial du "soldat inconnu" ? Certes tout cela est désormais relayé en continu par les chaines de TV qui ont trouvé là du "grain à moudre " . Il n'empêche : la violence ne saurait être masquée ou niée parce qu'elle porte un masque . Les blacks blocs le savent ...quand bien même le Garde des Sceaux aurait quelque trou de mémoire . 

mardi 1 septembre 2020

Biden : Retour du multilatéralisme ...et du bon sens .



Les élections américaines ne laissent pas le monde indifférent : bien qu'en passe de perdre leur rang de "premier de la classe" et d'être détrônés d'ici 5 ou 6 ans par la Chine , les Etats -Unis continuent à occuper la scène internationale  . Mais il existe une différence notable entre Trump et Biden : l'âge n'est pas un déterminant (74 ans et 77 ans) , leurs prises de position dans le domaine économique ne sont pas fondamentalement différentes (Biden est loin d'être un socialiste-marxiste comme l'affirment certains propagandistes Républicains ) .

C'est sur la scène internationale que le marquage sera certainement différent : Biden recherchera davantage un consensus multilatéral et ne considérera pas les européens comme des alliés de "seconde zone". 'Biden ne devrait pas non plus remettre en cause les accords longuement négociés (accord climat , nucléaire iranien , accord transpacifique etc...) . A la différence de Trump dont le comportement est erratique (sciemment ou pas) on peut penser que Biden se prêtera mieux à un partenariat à l'intérieur du "camp occidental "face à la Chine . Il y a aussi un parallèle que l'on peut faire avec le Président Woodrow Wilson à l'origine de la Société des Nations : Biden et lui ont eu une formation universitaire et ont été professeurs de droit constitutionnel : c'est un marqueur de comportement (quoi que l'on pense de l'idéalisme de Wilson ) . 

Les prises de position de Biden seront certainement  différentes sur des dossiers sensibles : relations au sein de l'OTAN , décrispation des relations avec l'Iran , avec la Chine , avec l'Union européenne . Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille "baisser la garde " et que Biden devienne , comme Wilson , le pacifiste utopiste de service .

On peut par contre souhaiter que , dans un monde quelque peu à la dérive et à la recherche de sens , Joe Biden apporte un peu de bon sens

dimanche 23 août 2020

Ensauvagement : le paradoxe du "temps des barbares"



Notre société est sur la pente glissante d'un "ensauvagement " ainsi que le constate à juste titre Gérald Darmanin . Le temps des "sauvageons" (selon l'expression de JP Chevènement d'il y a 20 ans) monte en puissance au rythme des dérèglements qui ne sont pas seulement climatiques : un match de gagné ou de perdu ensauvage les champs Élysées ,  un rappel à propos des gestes "barrières" devient un appel au meurtre ...et la séquence pourrait continuer car elle n'a pas de fin . 

Pour autant notre société baigne dans une totale inconséquence : ainsi que l'écrit Peggy Sastre dans sa chronique du Point (1) les journalistes n'ont jamais été aussi précautionneux et les relais d'opinion n'ont jamais autant pris garde à ne point blesser (par la plume) ...alors même que la haine et les trop pleins de bile se déversent sur les réseaux sociaux . 

C'est bien là le paradoxe du "temps des barbares" : la violence d'un côté et de l'autre les "cocons" qui se multiplient à l'envie pour éviter de heurter les groupes , les minorités , les individualités . C'est un paradoxe de constater que l'aménité devient faiblesse et fait le lit de "sauvageons" que Chevènement disqualifierait désormais en faisant le même constat que Darmanin . Ce constat n'est sûrement pas nouveau mais le contraste est plus que jamais saisissant .


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(1) Hebdo Le Point du 13 Aout 2020 p. 97 . Intitulé de la chronique "Ne blesser personne, le nouvel impératif " .

jeudi 20 août 2020

Steve Bannon : Tel est pris qui croyait prendre



Steve Bannon , ex - conseiller de Donald Trump et son ancien directeur de campagne en 2016 , vient d'être inculpé de détournement de fonds récoltés à l'occasion d'une campagne pour aider à l'édification du mur "anti-immigrants" à la frontière mexicaine (1) . Ces sommes auraient servi à couvrir ses dépenses personnelles  . Ce ne serait qu'un épisode de plus de corruption qui touche d'anciens dirigeants (cf. l'ex-roi d'Espagne) si ce n'est que M. Bannon nous a inlassablement abreuvé d'un discours hyper- moraliste (2) .

Par ailleurs , M . Bannon qui se voulait patriote et d'une probité virginale incitait - tout comme à la frontière mexicaine - à " dresser des murs " en Europe afin de tuer dans l’œuf l'émergence d'une Union européenne qui aurait pu porter ombrage aux Etats-Unis  . On se souvient de ses harangues à côté des gouvernants populistes d'Europe centrale (Viktor Orban) et , à l'époque, avec les dirigeants italiens (Matteo Salvini)  . On se souvient aussi de ses conciliabules avec , alors , le Rassemblement national à la recherche de fonds . Ces éventuels fonds seraient-ils liés au financement du mur mexicain pour lequel M. Bannon doit maintenant rendre des comptes ?

Bien pris qui croyait prendre ou , à tout le moins , nous surprendre avec ses discours "main sur le cœur " et les prêches qui allaient avec au moment où M. Bannon , membre du Tea Party , dénonçait la corruption et le pourrissement de la vie politique à Washington  . Mais en l'absence de tweets du locataire de la Maison Blanche - dont le bail pourrait ne pas être renouvelé - on ne sait pas encore si l'inculpation de M. Bannon , son ex-directeur de campagne ,   a ou non  surpris Donald Trump ... Mais son tweet ne saurait attendre ...

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(1) journal Le Monde du 20 Aout (lemonde.fr)

(2) cf. le  discours prononcé le 27 Juin 2014 par M. Bannon lors d'un congrès au Vatican . Il appelait à un sursaut de l'Eglise dans un monde sans foi  et pourfendait le "capitalisme de Davos " responsable de la paupérisation de nos sociétés : tout un programme !

vendredi 14 août 2020

Israël / E.A.U : vrai accord ou miroir aux alouettes ?



L'accord qu'annonce D.Trump avec "tambours et trompettes" est , il faut l'espérer , peut-être le début d'un plan de paix plus large où seraient réellement impliqués les Etats de la Ligue Arabe , au-delà des seuls Emirats . Toutefois il y a , dans cet accord , un absent : la Palestine . Certes , un des termes de l'accord est la suspension par Israël de l'annexion d'une partie de la Cisjordanie , situation qui aurait rendu impossible un plan de paix avec la perspective de 2 Etats (Israël , Palestine) conformément aux décisions et recommandations de l'ONU . 

Les uns (Netanyahu  ) et les autres (Trump , Kushner) vont pousser des "cocoricos" . Peut-être ont-ils raison de se féliciter des succès de la diplomatie en renonçant aux épreuves de force ? peut-être cet accord est-il une heureuse escalade en direction d'accords de paix plus larges au moyen-orient ? 

Espérons qu'il ne s'agisse pas , simplement, d'un habillage pour justifier la suspension de l'annexion de la Cisjordanie ...et donner un bol d'air à Donald Trump au moment où le ticket démocrate semble le prendre de court . Mais , plus vraisemblablement , cet accord constitue les prémisses d'une triangulation Etats-Unis /Israël / Arabie Saoudite + Emirats afin d'ôter à l'Iran toute ambition de leadership dans la région .

jeudi 13 août 2020

LIBAN : une épine dans le pied d'Erdogan


Erdogan semble trouver ridicule que le Président Macron se soit immédiatement rendu à Beyrouth après la dramatique explosion du port le 4 août  . Et pourtant il est normal que la France "sœur" des Libanais bien avant le mandat de la Société des Nations de 1920 ait affirmé sa solidarité (précédant d'ailleurs de peu Charles Michel , président du Conseil européen ) . 

C'est que la Turquie dans ses rêves de califat au Moyen-Orient ne peut encore "vassaliser" le Liban écartelé entre plusieurs tendances (maronites , sunnites, chiites) . Il est d'ailleurs improbable que l'Iran (et le Hezbollah libanais ...) laisse la Turquie avancer ses pions dans la "Suisse du Moyen-Orient" . Plus que jamais les initiatives de l'Union européenne sont attendues .

 La Chine a , aussi , des intérêts économiques dans la région . L'Union , elle , a plus que des intérêts économiques et financiers .

lundi 10 août 2020

Sahel : que fait l'Union Africaine ?



L'assassinat de plusieurs ressortissants français , hier, au sud-Niger pose à nouveau la question de l'implication des forces internationales . On sait , qu'outre la France (opération Barkhane) , quelques Etats européens et les Etats-Unis tentent de neutraliser les djihadistes . Mais - outre les djihadistes venus de Libye - il y a en Afrique sub-saharienne un terrain favorable ( pauvreté, corruption, déliquescence des Etats ) sur lequel surfent les "terroristes fous " . 

Dans la mesure où il existe un terrain d'accueil pour les djihadistes les réformes , l'action économique sont prioritaires ...et elles ne dépendent pas que du FMI ou de la Banque mondiale . Certes, l'Union Africaine a promis en février dernier d'apporter un soutien logistique aux forces du G5 mais - outre les 3000 hommes attendus - on attend une implication plus substantielle de l'Union Africaine

Le récent sommet de l'U.A. à Addis-Abeba a démontré les craintes des responsables politiques africains à l'égard d'une gangrène de l'Afrique par les djihadistes déracinés du moyen-orient . Mais il ne suffit probablement pas d'exprimer des craintes . Puisse le dramatique évènement du sud-Niger non pas provoquer un désengagement mais accentuer l'implication de tous : la France certes, l'Union européenne , les Etats-Unis ...et l'Union Africaine , chez elle .

mardi 4 août 2020

Espagne : orage sur la monarchie



Le Président du Conseil , Pedro Sanchez , s'est défaussé sur la "Maison du Roi " (Casa Real ) en éludant les questions posées par les journalistes . Il a invoqué la confidentialité des échanges avec le Palais de la Zarzuela mais il n'a pu démentir que le roi émérite Juan-Carlos 1er avait quitté l'Espagne sans dire où . De fait , la communication gouvernementale apparaît brouillée : effet Larsen ?

Les commentaires , à Madrid , vont bon train : le roi Juan-Carlos aurait trouvé refuge chez un ami  en République Dominicaine ou bien il serait au Portugal où il a passé son enfance (1) . En tout état de cause ce départ de l'ex-monarque a fait l'objet d'un accord entre le Président du gouvernement et la "Casa Real" . C'est la solution qui est apparue "la moins pire" car l'étau se resserre concernant le présumé don de 100 millions $ par l'Arabie Saoudite qui aurait transité par la Suisse, le Panama ou les Bahamas .

Dans la réalité si le Président du gouvernement garde le silence c'est que cette affaire est grave et peut dégénérer en crise constitutionnelle : le Président de la Generalitad catalane , Quim Torra ,  réclame l'abdication du roi Felipe et la gauche radicale (Iglesias , leader de Podemos ) se démarque déjà en regrettant "la fuite" du roi . Car ce départ , pour certains , ressemble à des aveux .

Les Espagnols sont partagés : les plus de 50 ans gardent en mémoire le monarque qui au début des années 80 , a facilité la transition démocratique et fait front en des moments difficiles . Les jeunes espagnols , eux ,  assimilent Juan-Carlos à Tartarin de Tarascon (cf. la partie de chasse au Botswana qui a contribué à le discréditer ) ou aux porteurs d' "euro-valises " depuis la Suisse alors même que son action en faveur de la démocratie a jadis été déterminante . Faiblesse , dérapage ? L'Histoire le dira .

Le roi Juan-Carlos rentrera-t-il un de ces jours au bercail pour - comme il l'assure - se mettre à la disposition de la Justice ? Rien n'est moins sûr dit-on sous les frondaisons du Retiro  ou , s'il revient , assure-t-on  , ce sera masqué . Cependant , plus qu'une comédie , c'est l'acte I d'une tragédie qui s'écrit en ce moment .

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(1) actualisation au 7/08/ . En fait et selon le quotidien espagnol ABC (monarchiste) le roi Juan-Carlos serait à ABU-DHABI (Emirats Arabes Unis) ...tout proche de l'Arabie Saoudite .

jeudi 30 juillet 2020

L'occident désorienté ...cherche boussole



"L'occident désorienté " est un livre (1) écrit il y a 14 ans ...au moment de la crise des subprimes . Au-delà de la crise financière qui s'amorçait en 2006 c'était une réflexion autour du "déclinisme " ambiant de l'époque : crise des valeurs d'une société de consommation dont les réponses n'étaient que partielles , cela sur un air de Spengler et de René Guénon .


Mais voici qu'en 2020 avec la corona pandémie et un vent qui souffle de Chine l'occident se trouve  plus que jamais bousculé et désorienté : la Chine poursuit sa marche en avant et l'on ignore quelles seront les prochaines étapes de sa Longue Marche . La Route de la Soie ne sera probablement pas le Chemin de Damas ...ou bien son sens nous échappe encore .

Ce n'est plus seulement une interrogation sur l'avenir de nos valeurs (les racines chrétiennes , les Lumières , la République etc...) mais c'est un renversement de l'ordre mondial auquel nous assistons, celui auquel nous étions habitués : un leadership américain sans partage à la fois sur le plan politique , économique voire culturel . Mais , depuis , l'eau a coulé dans le lit de la rivière Potomac et l'Amérique de Donald Trump n'est plus celle que chantait Joe Dassin en 1970 . A quand une chanson sur le fleuve Yang-Tsé ...qui fasse tout autant rêver ?


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(1) L'occident désorienté , Enjeux , défis et espérance ( Jean-Maurice Devals . Editions François - Xavier de Guibert . 2006 . )

mardi 21 juillet 2020

Europe / Plan de relance / fédéralisme : un "chiffon rouge" pour les partis extrêmes



Alors qu'à juste titre on applaudit à l'accord historique (1) qui vient d'être conclu dans la nuit , LFI et le RN se rejoignent dans leurs critiques . Pour Mme Le Pen cet accord serait le "pire accord" négocié par la France . On a envie de rire tant le RN persiste dans sa posture habituelle de déni ...surtout lorsqu'il s'agit d'avancée vers un fédéralisme européen .

L'extrême gauche et l'extrême droite se rejoignent . C'est un signal pour Emmanuel Macron : en 2022 une part de l'électorat d'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon  se reportera sans doute sur Mme Le Pen , 10 % ou 20 % ,  ? difficile à dire mais la perspective d'une situation comme jadis en Italie devient possible.

Il faut dire que cet accord marque une étape importante dans la solidarité européenne : l'Union européenne pourra  emprunter sur les marchés et non se borner à racheter les obligations des Etats émises lors de la souscription d'emprunts par chacun  . C'est un grand pas en avant très concret dans la solidarité européenne quand bien même la pointure de chaque Etat n'est pas la même . Ainsi se mettent progressivement en place les Etats-Unis d'Europe.

Sur le plan national , en revanche , la perspective d'une Europe fédérale est le chiffon rouge : LFI lèche déjà l'os que le RN tient entre ses dents ...


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(1) accord "plan de relance " de 750 milliards dont 390 de subvention . Avec l'innovation majeure d'emprunt direct de la Commission sur les marchés (en bénéficiant d'un AAA) .

jeudi 16 juillet 2020

Espagne : le crépuscule d'un roi



Les Espagnols sont révoltés : l'ex-roi Juan-Carlos 1er est en passe d'être rattrapé par la justice espagnole (1) pour un délit présumé de corruption . Il aurait perçu une "commission" de 100 millions $ , don du roi d'Arabie Saoudite en 2008 . Cette "royale commission" aurait plusieurs origines : la conclusion d'un marché (TGV La Mecque /Medine emporté par un consortium espagnol) , la remise de la Toison d'Or à l'ex - roi Abdallah en 2007 pour lui conférer une onction "démocratique" . Cela , dans le contexte de la Conférence mondiale sur le dialogue inter-religieux organisée par la Ligue islamique mondiale et présidée par le roi Abdallah ( Madrid juillet 2008) .

Les Espagnols qui se rappellent encore le rôle joué par le roi après la mort de Franco en 1975 (Transition démocratique , nouvelle constitution) sont , me dit-on , particulièrement choqués : ils se souviennent d'un chef d'Etat qui a été le garant de la stabilité de l'Etat et de son évolution démocratique (Pacte de la Moncloa, intervention personnelle lors de la tentative de coup d'Etat de 1981 du colonel Tejero ) .

Ils s'interrogent : "et si tout cela n'avait été que théâtre et pantomime , le roi se bornant chaque fois à prendre le train en marche ?" . Le roi Felipe VI , son fils , est dans l'embarras : on le serait à moins , les 100 millions de $ ayant transité par les paradis fiscaux (dont Panama ) et fait aussi une promenade ...de santé ...en Suisse (qui a saisi les autorités espagnoles ) . Des bribes de solutions sont actuellement ébauchées : retrait du titre honorifique de "roi émérite" faisant suite à la suppression en mars dernier de la dotation budgétaire qu'il percevait et que son fils lui a retiré . La "Casa Real" , aux dires de quelques uns , évoque même - et souhaiterait - un départ à l'étranger voire un exil (Italie ?) . Triste fin ...

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(1) Le parquet anticorruption s'est déclaré compétent et a saisi le Tribunal Suprême (plus haute juridiction de l'ordre judiciaire ) pour s'assurer de la responsabilité de l'ex-roi (qui a abdiqué en 2014) et qui - jusqu'à cette date - bénéficiait de l'immunité . 

mercredi 15 juillet 2020

Chine / Iran : le pari risqué de Donald Trump




Le Président Trump , en se retirant de l'accord sur le nucléaire de juillet 2015, entendait mettre à genoux l'Iran , sanctions économiques à la clé . Mais un nouveau partenaire , la Chine , s'affirme au Moyen-Orient et fait les "yeux doux" à Téhéran . 

L'accord "secret" (mais il ne l'est plus désormais depuis quelques jours ) prévoit des investissements considérables - plusieurs centaines de milliards de $ - de la Chine en Iran portant sur les infrastructures (routières , portuaires ) et la fourniture de pétrole iranien à un prix "d'ami" . 

Cet accord qui paraît surprendre de par son ampleur n'est , en fait , que la déclinaison de la stratégie "Nouvelle Route de la Soie" . Finalement la Chine a su tirer son épingle du jeu : face à la pression de Donald Trump sur l'Iran voici que Pékin vient opportunément à son secours et tend la main . Téhéran aurait-il d'autre alternative que de la saisir ? 

lundi 13 juillet 2020

Septembre noir : attacher les ceintures et souffler dans les voiles !



Alors même qu'un vent d'insouciance caresse la joue des Français des voix retentissent pour annoncer une "rentrée" horribilis . Sans tomber dans un catastrophisme aigu il est clair que les mois prochains seront plus que difficiles sur le plan de l'emploi ...sans parler d'une reprise éventuelle (non certaine bien sûr ) de la pandémie . 

Le Président de la République dira-t-il demain 14 Juillet ce à quoi il faut s'attendre : 800 000 chômeurs de plus en septembre , des jeunes sans boussole (quoiqu’ayant un Bac - don de la République - en poche) ? Il est temps de confronter les Français à ces vérités : même s'il ne s'agit pas encore du "grand tournant" la Roue tourne et on ne sait encore en quel sens .

Emmanuel Macron , s'il nous assène quelques vérités , devra aussi nous donner quelque espoir : dans un environnement international trouble (fébrilité des Etats-Unis , Chine qui tombe le masque , Afrique en proie aux contorsions et aux convulsions , Moyen-Orient qui perd la foi en son pétrole et cherche un chef de file ) l'Europe trouve désormais un espace politique ...à condition qu'elle résolve ses problèmes économiques . 

Macron et Angela Merkel sont à la barre ...Il faudra veiller à ce qu'il s'agisse davantage d'une Caravelle plutôt que d'une galère . Pour cela il faudra souffler fort dans les voiles ...quitte à attacher les ceintures .

vendredi 10 juillet 2020

Turquie/Union : "Un petit tour et puis s'en va "



L'ex-basilique Sainte Sophie devient mosquée (1) . C'est le signe que la Turquie a désormais choisi sa "sphère d'influence " : ce ne sera pas dans l'Union européenne (peut-être est-elle de guerre lasse ?) mais au Moyen-Orient . Cependant ce ne sera pas facile car il y a au moins 2 autres prétendants : l'Iran et l'Arabie Saoudite . 

Cependant le trépied est un peu bancal et il y a de fortes chances pour qu'un 'triumvirat" ne voit jamais  le jour .  Aussi la position de la Russie sera déterminante : la Turquie ne peut avancer seule en poussant son pion sur l'échiquier . Il lui faudra le soutien (politique et militaire à défaut d'économique) de Moscou . Mais il ne peut-être exclu que la Chine cherche aussi à pousser un cavalier : lequel des 3 prétendants ? Il faut se souvenir aussi de ce que la Turquie comme l'Iran sont "en approche" de l'Organisation de Coopération de Shanghai dont la Chine assure le leadership . Dans ce contexte quelle carte jouera Pékin ?

Entre-temps la Turquie qui , par le symbole de Sainte-Sophie , a choisi son camp prendra-t-elle du champ par rapport à l'OTAN ? Sa coopération militaire avec la Russie va dans ce sens . A qui profiterait un désengagement de la Turquie de l'OTAN ? Ce serait , en tout cas, un sérieux coup de botte "dans le train" de l'Union et de sa politique européenne de Défense (qui reste virtuelle ) .

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(1) La basilique était devenue musée en 1934 lorsque Kemal Atatürk avait voulu laïciser la Turquie .
Mais , depuis , Erdogan a "retourné sa veste "... 

samedi 4 juillet 2020

Jean Castex : nouveau Pompidou ?



Avec son faux air provincial et une rondeur qu'atténue le "pointu " de son expression , le nouveau Premier ministre fait penser à Georges Pompidou également tout en rondeur apparente . Mais dans les deux cas il y a un chat "Raminagrobis" qui , mine de rien , garde un oeil bien ouvert . Jean Castex étonnera et les mots d'Edouard Philippe lors de la passation de pouvoir "Soyez bon ! " ne sonnent pas creux . 

Le nouveau Premier ministre possède le don du "parler vrai " avec - comme Georges Pompidou - un évident sens de l'Etat , qualité morale personnelle plus que manière d'habiller les opportunités . Mieux que quiconque il est à même d'écarter les foutriquets politiques qui tenteraient de le mordre aux mollets . Mieux que quiconque il est à même de donner un sens nouveau à la décentralisation et à la réhabilitation des Territoires .

Amateur de musique , fier de son festival de Prades (1) Jean Castex sait à l'évidence jouer, en politique , du violoncelle .  Sera-ce l'air de la Flûte enchantée qu'avait envie d'entendre  Emmanuel Macron pour tirer enfin un son de la cacophonie ambiante ? Restons à l'écoute ...

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(1) dont le violoncelliste Pablo Casals fut l'initiateur en 1950