samedi 6 juin 2020

Trump / Nixon : Why Great Day ?



Les médias américains en font leurs gorges chaudes . Donald Trump , devant la Maison Blanche , se réjouissait des perspectives économiques meilleures qu'attendues et , dans un même élan , se référant à George Floyd , tué par la police , il s'est exclamé tout à trac "it's a great day for him " (C'est un grand jour pour lui ...) . En dépit des contorsions du service de presse de la présidence , des américains ont dû tomber de leur chaise, se demandant s'il s'agissait , pour leur Président , d'un effet de l'hydroxychloroquine  (!) .

Cela me rappelle une autre incongruité d'un président américain dont , 46 ans après , je me souviens encore . C'était le matin du 6 avril 1974 vers midi : dans la foule agglomérée devant Notre-Dame de Paris , j'assistais - de loin - à la messe célébrée à l'occasion des obsèques du Président de la République  Georges Pompidou . Il y avait là , aux côtés d'autres chefs d'Etat , le Président Richard Nixon .A la sortie de la messe un journaliste lui a tendu un micro . Nixon a prononcé quelques mots que tout le monde a pu entendre car ils ont raisonné sur le parvis de Notre-Dame et je les entends encore   :    It's a great day for France !

Tout comme les américains à propos de George Floyd, je n'ai pas compris comment les obsèques de  Georges Pompidou pouvaient constituer "un grand jour pour la France " . D'autant que Nixon , lui, n'avait sûrement pas pris d'hydroxychloroquine ...à moins que ...

vendredi 5 juin 2020

Les Régions , nouveaux piliers de la République



Emmanuel Macron est à la recherche d'un nouveau souffle , d'une nouvelle carte afin d'acter , dans les faits et non dans les seuls mots, un nouvel épisode du "roman national" . Au-delà des priorités (rémunération des professionnels de santé et réforme hospitalière par exemple) il y a , probablement, un "nouvel ordre politique" à bâtir .

Une forte décentralisation au niveau des Régions pourrait être l'une de ces réformes de structure essentielles . Car , plus que la jacobinisme centralisateur , le" modèle girondin" est apparu - lors de la crise sanitaire - plus efficace et actif . Sans opter pour un schéma identique aux landers allemands ou aux régions autonomes espagnoles , une nouvelle étape de décentralisation au niveau des Régions marquerait une rupture avec le "verticalisme" français .

Certes il conviendrait d'éviter le risque d' émiettement culturel (comme en Espagne) mais le transfert aux régions de nouvelles compétences permettrait d'acter réellement le principe de subsidiarité (c'est- à-dire le bon niveau d'efficacité et de responsabilité) , faisant ainsi écho aux souhaits de l'Union européenne . Il n'empêche que ce tournant serait un vrai virage dans le quinquennat . Mais ce virage peut-être apparaît-il trop dangereux ?

mardi 2 juin 2020

Les ETATS-dé-UNIS : dommage (!) ou dommages (?)



Donald Trump traverse une mauvaise passe . Les Etats-Unis en souffrent , donnant en ce moment l'image d'Etats désunis : plusieurs gouverneurs gèrent la pandémie à leur manière dans leur Etat et  réagissent différemment à la violence qui accompagne les tensions raciales après le meurtre d'un afro-américain . 

A l'avant veille des élections la montée du chômage (qui affecterait environ 40 % des américains ayant un revenu < à 40 000 $ ) est , pour le Président Trump , une épée de Damoclès . Tout comme d'ailleurs le climat de "guerre froide " entretenu avec la Chine . Ce n'est certes pas , pour les Etats-Unis , une débâcle mais une remise en cause de leur statut dans le monde , loin de l'hyper-puissance dont prenait acte Hubert Védrine dans les années quatre vingt dix .

Mais , de notre côté (en France et en Europe) nous n'avons pas pour autant à pousser des cocoricos : l'Union européenne donne trop souvent (sauf chez le "couple" franco-allemand et quelques pays de l'Europe du Sud ) une image de désunion et de fragilité. 

Dès lors, nous serions bien mal avisés de nous moquer des Etats-Unis alors que la Chine se prépare à tirer - dans les toutes prochaines années - son épingle du jeu . Sur l'échiquier mondial une pièce maîtresse s'efface . Il ne faut pas forcément s'en réjouir .

mardi 26 mai 2020

Venezuela / Pétrole : Bonne ou mauvaise "Fortune" ?




" Fortune " est le nom du pétrolier iranien qui vient d'arriver dans le port d'El Palito afin de porter secours au Vénézuela qui se trouve en "panne sèche" . C'est un paradoxe de constater que le pays qui dispose des plus importantes réserves de pétrole au monde est en pénurie de carburant et doive compter sur le soutien de l'Iran dont 4 autres pétroliers vont acheminer 1, 5 million de barils . 

Comment expliquer un tel paradoxe : embargo américain? investissement insuffisant dans les raffineries ? corruption ? laisser-aller ? Bref le Venezuela se trouve dans l'impasse et aucune solution n'émerge dans ce pays politiquement bicéphale : un président en titre Nicolas Maduro soutenu par l'armée et un président "autoproclamé " Juan Guaido soutenu à distance par les Etats-Unis et , depuis encore plus loin , par les pays qui l'ont reconnu   . 

Une situation bien paradoxale qui paralyse le pays ,  appauvrit les vénézuéliens et dont le paradoxe pétrolier n'est que l'une des expressions .

lundi 18 mai 2020

Israël / Palestine : quitte ou double ?




Alors même que le "plan de paix" préparé par les Etats-Unis peine à faire surface , Israël se prépare dès juillet prochain à annexer le territoire d'une centaine de colonies en Cisjordanie . La situation au moyen-orient ouvre probablement pour Israël une "fenêtre de tir" : l'Arabie Saoudite et les autres Etats pétroliers du Golfe n'en finissent pas de digérer la perte de leurs revenus , l'Iran paraît en semi-faillite et fait face à l'épidémie , le Liban est confronté à une crise économique et politique majeure etc...

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo est tout récemment venu donner le "feu vert" à l'annexion projetée tout en vitupérant contre l'Iran (cf. sanctions économiques , embargo etc..). Bref la situation en "temps normal" serait explosive si le moyen-orient n'était en ce moment aux prises avec bien des difficultés  à la fois économiques et sanitaires .

 Mais plus que jamais le temps n'est pas "normal " ...d'où la carte qui se prépare . Quitte ou double ? 

vendredi 15 mai 2020

Les Français déconnectés du monde politique



Un article de l'excellent hebdomadaire Le Point (1) interpelle : il retrace , vu des coulisses , un prétendu feuilleton des relations entre Président de la République et Premier ministre sur fond de changement d'équipe et - dans le secret des cabinets - de diplomates ou de guerriers en côte de maille  fourbissant leurs armes  . La conclusion de ce long article de 4 pages est la suivante :

"Pour les Français, qui ont passé deux mois sur leur canapé devant la télévision , l'affaire du divorce du couple exécutif est devenue un feuilleton haletant (sic) , où tout n'est plus vu qu'à l'aune de la séparation annoncée ".

Cette conclusion révèle le fossé existant entre le "monde politique " et la plupart des Français qui sont loin de haleter (!) devant les rumeurs de tensions entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe .En réalité nos concitoyens sont davantage préoccupés par leur santé , celle de leur famille et  par la crise économique qui se profile et qui décevra ceux qui vont courir à Pôle Emploi .  Le baromètre  politique des Français n'est pas indexé sur les éventuels nuages entre rue de Varennes et rue du Faubourg Saint - Honoré . N'en déplaise à ceux qui hument l'air quelque peu vicié des coulisses ...

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(1) Hebdomadaire Le Point n°2490 du 14 Mai 2020 : article intitulé "Dans le secret de leur confinement " par Nathalie Schuck .

mardi 12 mai 2020

Énigme / enquête : La Tunique du Christ conservée à Argenteuil

                                                  

Ce Post "technique" concerne les historiens (cf.Jean-Christian Petitfils avec qui j'ai correspondu) , les curieux ... (de tous ordres) ... et mes amis d'Argenteuil .

JPM



La Tunique du Christ conservée à Argenteuil  est  depuis le Moyen-Age (12-13 ème siècle) l'objet d'une dévotion particulière mise en relief , notamment , par l'émission de télévision de Franck Ferrand "L'ombre d'un doute : les derniers jours de Jésus" diffusée pour la première fois en avril 2015 et à diverses reprises depuis lors .

I- Or l'authenticité de la relique est sujette à caution (comme d'ailleurs beaucoup de reliques ) car , selon la légende , la Tunique venant de Byzance aurait été offerte par Charlemagne à sa fille Théodrade , abbesse d'Argenteuil . Mais , par la suite , la tunique aurait disparu (au moment des invasions vikings du début 800 ? ) et réapparu en 1156 : Hugues d'Amiens , archevêque de Rouen (1) et le roi Louis VII auraient été présents à l'occasion d'une grandiose cérémonie ...qu'aucun historien de l'époque ne relate tout comme aucun historien ou chroniqueur ne relate la venue de Charlemagne à Argenteuil en ces circonstances (ni Alcuin, ni Eginhard ni Nithard tout trois proches de l'empereur ) . L'abbesse Théodrade qui quitte Argenteuil dans les années 820 , au moment des invasions vikings , et se réfugie dans le monastère fondé par sa mère Fastrade de Franconie en  Bavière (Munsterscharzach) ne fait aucune allusion à cette relique majeure .

II- Ces épisodes auraient pu demeurer dans l'oubli jusqu'à ce que - en 2004 - une analyse d'un petit morceau de tissu du vêtement fasse l'objet d'une analyse au carbone 14 par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) . Cette analyse faite avec l'accord du Cardinal Lustiger , archevêque de Paris (2) va surprendre : le vêtement a été confectionné entre l'an 530 et 650 (3) . Il ne peut donc s'agir d'un vêtement ayant appartenu à Jésus . On sait qu'au moyen-âge les reliques (vraies et fausses) foisonnent et viennent alimenter une notoriété qui est aussi l'objet d'un commerce . 

III-Mais certains doutent du résultat de l'analyse au carbone 14 et mettent en cause sa fiabilité . C'est la raison pour laquelle il faut aussi aller au-delà des analyses strictement scientifiques et faire appel au bon sens : c'est pour cela que l'on peut - au-delà des analyses - mettre en avant quelques incohérences qui retiennent l'attention :

1-Il n'est fait aucune mention de la venue "en grande pompe ", selon la légende, de Charlemagne à Argenteuil par les historiens de l'époque (Alcuin ou Eginhard) tout comme aucun chroniqueur de cette époque ne mentionne la "redécouverte" de cette relique en 1156 en présence de Louis VII (le minutieux chroniqueur Guillaume de Nangis ne mentionne rien de cela pour l'année 1156 alors même qu'il passe en revue tous les faits et gestes du règne de Louis VII  .) 

2- Édification (1241-1248) de la Saint Chapelle par Saint-Louis pour abriter la couronne d'épine sans aucune mention de la Tunique du Christ ...qui serait donc anonymement demeurée à 10 km de Paris alors même que la Sainte Chapelle avait été conçue par Louis IX pour accueillir les reliques les plus marquantes de la Passion .

3- Aucune mention de cette relique majeure par Héloïse (épouse d'Abélard) qui fut abbesse du monastère d'Argenteuil de 1118 à 1128 et vécut jusqu'en 1164 . Certes la "Tunique" ne réapparut qu'en 1156 mais comment imaginer qu'Héloïse n'ait pas eu connaissance de cette relique découverte avec l'aura et la caution du roi Louis VII (si telle avait été la réalité) quand bien même Héloïse était alors supérieure du monastère du Paraclet à Nogent-sur- Seine  ? Dans sa dense correspondance avec Abélard , Héloïse - qui n'était pas confinée dans son monastère et restait proche de la Cour - aurait mentionné le "miracle " de la redécouverte de cette insigne relique . Tel , hélas , n'est pas le cas et le silence demeure total .

IV - Enfin l'analyse du textile de la Tunique par des experts révèle que son tissage a été effectué dans le sens "Z " c'est-à-dire de gauche à droite alors que , au Moyen-Orient ancien , tous les tissages sont effectués dans le sens" S "soit de droite à gauche .  Cela vient conforter - si tant est qu'un doute puisse encore subsister - l'origine occidentale du vêtement : la Tunique n'a pas été tissée en Palestine.

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Il arrive que religion et science ne fassent pas toujours "bon ménage " . Mais , bien évidemment, la datation au C 14 ne remet pas en cause la personne de Jésus ni la mission transcendante du Christ-Jésus  . Par contre le temps des "indulgences " a fait long feu . Faut-il ou non s'en réjouir ?


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(1) Hugues d'Amiens est un théologien très connu qui correspond régulièrement et directement avec les Papes (Innocent II , Eugène III , Adrien IV ) . Il est présent au concile de Tours de 1163 . Il ne mentionne jamais la "découverte" de la Sainte Tunique ...ni dans ses lettres ni dans ses interventions . Au demeurant , on sait que Hugues d'Amiens était très proche de Suger qui , voulant s'approprier le monastère d'Argenteuil pour le rattacher à l'abbaye de Saint-Denis , en chassa les moniales (dont Héloïse ) en 1130 .

(1 bis) Le document de 1156 - il y a tout lieu de penser - est soit un faux soit une déclaration de complaisance pour "redorer le blason" du monastère Sainte-Marie d'Argenteuil qui venait d'être rattaché à Saint-Denis . Ce sont d'ailleurs des moines de Saint-Denis qui auraient "retrouvé" la Tunique en 1156 ... à l'occasion soi-disant de travaux . C'est vraisemblablement une invention de toute pièce pour attirer des pèlerins ...et susciter les dons qui vont avec . Une autre preuve du caractère non authentique du document de 1156 : il fait référence au pape Adrien IV en mentionnant "d'heureuse mémoire " c-a-d , selon la terminologie de l'époque , défunt . Or à cette date Adrien IV est toujours vivant (il décède 3 ans plus tard en 1159 ) et Hugues d'Amiens qui correspond avec lui ne pouvait manquer de le savoir ;

(2) cf. ouvrage intitulé "Une si humble et si sainte Tunique : enquête sur une énigme " . Ed. François Xavier de Guibert . Paris 2005 . Jean-Maurice DEVALS (pseudonyme de Jean-Pierre MAURICE ). Voir page 27 (accord du Cardinal LUSTIGER ,archevêque de Paris, donné pour la réalisation de l'analyse au C 14 ) .

(3) Soit la période couvrant les règnes de Clotaire (fils de Clovis) à Dagobert 1er 

dimanche 10 mai 2020

Covid-19 : dé/confinement et dé/fiance



Le gouvernement fait ce qu'il peut dans une situation critique : le plan d'action détaillé présenté par le Premier ministre est - au moins sur le papier - cohérent et bien balisé . Mais une question récurrente se pose : où trouver les masques recommandés ou exigés ? A la veille du déconfinement de nombreux  Français n'ont pu s'en procurer .

Ainsi, dans telle pharmacie un client ne peut acheter qu'un seul et unique masque . Et seuls sont à la vente - tout comme dans ce supermarché (enseigne Market) - des masques dits chirurgicaux valables seulement 4 heures . Point de masques textile aux normes ,  lavables et réutilisables !

Outre le problème calamiteux de gestion des stocks par l'Etat il est difficile d'imaginer qu'au bout de 3 mois rien n'ait été fait pour mettre en place des circuits de distribution opérationnels dans toutes les communes de France : Les préfets et sous-préfets , s'ils avaient été sollicités , auraient pu coordonner ( c'est leur habitude et ils savent faire) cette mise à disposition en s'appuyant sur les maires .

Le cafouillage actuel me rappelle le titre d'un ouvrage de Roland Moreno :" Théorie du bordel ambiant " . Mais , il est vrai , le ton burlesque de Moreno n'est plus de mise :  la décence l'impose .

samedi 9 mai 2020

Moyen-Orient / USA : Nouvelle donne ?




La stratégie américaine est - on le savait - brouillonne et l'on ignore (en dehors des tweets de Donald Trump ) s'il y a un cap . Le positionnement de Barack Obama avait , lui , le mérite de la clarté : la stratégie dite du "pivot" démontrait que les Etats-Unis envisageaient de privilégier leur défense et leur présence en Asie , notamment en mer de Chine afin de contenir l'avancée (cf. la stratégie dite du "collier de perles ) de Pékin . 

Donald Trump avait , semble -t-il , nuancé cette position (cf . refus de signer le traite TPP) et s'inscrivait dans une diplomatie de soutien à l'Arabie Saoudite qui devenait ainsi le "fer de lance "contre l'Iran (et donc le soutien d’Israël ) . Le soutien explicite à Riyad était certes une déclinaison du Pacte du Quincy (1945/ fourniture de pétrole contre protection ) mais aussi une carte maîtresse pour l'acceptation par les pays arabes du plan de paix Israël / Palestine  préparé par les Etats-Unis . 

Or voici (1) que les Etats-Unis viennent de retirer des batteries anti-missiles qui protégeaient les champs pétroliers saoudiens contre d'éventuelles attaques iraniennes . On peut se poser ainsi la question : le retrait de ces batteries est-il une réponse "du berger à la bergère" après que l'Arabie Saoudite ait mené son propre jeu pétrolier (augmentation massive de sa production de pétrole pour accroître ses parts de marché face à la Russie...mais aussi avec pour effet de mettre en faillite les sociétés américaines exploitant les gisements de pétrole de schiste ) ? Ou bien la vue de Donald Trump est-elle à moins courte vue et va-t-elle renouer avec la stratégie d'Obama tendant à délaisser le Moyen-Orient pour aller "contenir " la Chine ...en abandonnant l'Arabie Saoudite et en passant par pertes et profits son duo et ses envolées avec le prince héritier Mohamed Ben Salman ?

Parions cependant que les pétroliers américains , forts de leurs lobbies politiques , ne se désengageront de si tôt du Moyen-Orient tant est nécessaire pour les USA de maintenir un courant d'importation de pétrole à bas prix au moment où la rentabilité du  gaz et le pétrole de schiste est renvoyée ...aux calendes grecques .

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(1) cf. Le Point en ligne du 8 Mai 2020 (LePoint. fr )

mardi 5 mai 2020

Inflation et vérité des prix : constats et bon sens



Alors que l'inflation est en forte baisse (ce que regrettent certains investisseurs ) la réalité des prix - me répète ma voisine - ne correspond pas à l'indice réel . Certes le taux d'inflation (indice des prix à la consommation ) calculé en mars dernier est de l'ordre de 0,4 % (1) mais les prix réels ont , dans les grandes surfaces , augmenté dans de bien plus grandes proportions . 

Ainsi ma voisine Odette a constaté que dans une enseigne bien connue le prix moyen du "panier de la ménagère " est , en avril , de l'ordre de 140 voire 150 euros soit une augmentation de plus de 20 % par rapport à décembre dernier . Ma voisine dont la pension est de 900 euros n'arrive pas , me dit-elle , à joindre les deux bouts . Et peu lui chaut la diminution du prix de l'essence car Odette , 83 ans, ne sort pas ...d'autant plus en ce moment où elle se trouve confinée dans son 2 pièces . Elle rajoute - et elle en veut au gouvernement - qu'il est anormal que l'Etat ne prenne pas en charge le coût des masques de protection (dont , après de nombreuses tergiversations , Matignon et l'Elysée considèrent désormais qu'ils sont bien utiles ) . Odette s'est, certes, confectionné quelques masques "maison" mais elle n'est pas certaine du résultat bricolé sur sa vieille machine à coudre Singer .

Dans le même temps - mais est-ce deux mondes différents ? - des chefs d'entreprise et la Banque Centrale Européenne souhaitent atteindre une inflation de 2 % afin d'inciter aux investissements en les rentabilisant . Odette n'a forcément pas en tête que la "planche à billets " de la BCE peut générer de l'inflation mais , avec son jugement bien à propos , elle me dit qu'elle n'est pas d'accord : si beaucoup réduisent leur consommation , me dit-elle, les prix baisseront car les producteurs se heurteront au mur que ne peuvent franchir les personnes âgées avec des pensions de 800 ou 900 euros ainsi que la cohorte des chômeurs laissés au bord de la route  pour solde de tout  compte . Ma voisine a raison ...

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(1) L'inflation mesurée en Mars 2020 est - sur 1 an - de 0,7 % 

samedi 2 mai 2020

Pétrole : quel impact géopolitique de la baisse des cours ?



Quand bien même le prix du pétrole a progressé du fait de l'accord intervenu au sein de l'OPEP et finalement appliqué début Mai , la baisse prévisible de la demande mondiale (et du niveau des stocks) ne permettra pas de revoir de si tôt un baril à 50 $ .  Or le pétrole de schiste américain , par exemple , n'est rentable qu'à partir de 40 $ . 

Quel impact (théorique) prévisible à court/moyen-terme sur les relations internationales ?

1- les Etats-Unis ont tout intérêt à ne pas hâter leur désengagement du Moyen-Orient (quand bien même la tentation sera évidente de renforcer leur position en Asie pour contenir la Chine ) afin de ne pas risquer de tarir un approvisionnement moins onéreux (coût d'extraction Arabie Saoudite : 3 $ ) . Tout aussi essentielle deviendra la nécessité de maintenir des alternatives d'importation depuis l'Amérique latine (cf. coût d'extraction du pétrole vénézuélien : 14 $) .

2- Les pays producteurs du Moyen-Orient devront compter sur les importations chinoises (et indiennes) dans un contexte économique de récession occidentale entraînant une forte réduction de la demande . La Chine et l'Inde en profiteront probablement pour renforcer leur position au Moyen-Orient  . Ces pays se trouveront ainsi "nez-à-nez" avec les Etats-Unis . L'autre hypothèse est un approvisionnement plus important auprès de la Russie , situation qui renforcerait les liens de dépendance entre Moscou et Pékin . Cette situation sera d'autant plus éprouvante pour la Russie que ses ressources sont liées  au cours du pétrole  ( projet de budget bâti sur une hypothèse de 45 $ ) .

3 - L'Afrique sera touchée de plein fouet par la baisse des cours et de fortes tensions pourraient en résulter (Nigeria , Angola , Algérie ...Libye , Soudan ) . La dépendance de pays d'Afrique sub-saharienne à l'égard de la Chine (endettement) en sera d'autant plus évidente et ces pays d'autant plus fragilisés . D'où les récents appels en faveur d'une annulation ou diminution de la dette des pays les plus touchés . La Chine se sentira-t-elle concernée ?

4- L'Europe (U.E.) , largement dépendante de ses importations de pétrole, tirera évidemment parti de la baisse des cours . Ce pourrait être un élément propice au rebond ...si tant est que la production et les investissements productifs repartent . Encore faudrait-il que la demande soit à la hauteur . Pour autant les incidences de la baisse du cours du pétrole sur la politique étrangère de l'Union (ou plutôt sur les relations bilatérales de chacun des Etats) n'est pas , actuellement , mesurable . Un impact possible sur les relations avec la Chine et la Russie ? C'est une éventualité . 

mardi 28 avril 2020

Venezuela : sur qui (et sur quoi) compter ?



Le Venezuela est dans une situation critique comme d'autres pays en Amérique du Sud . Mais le manque de visibilité n'affecte pas simplement l'économie mais aussi la politique et la conduite de la nation .

1- En politique on ne sait plus qui fait quoi : Juan Guaido , Président autoproclamé et Président de l'Assemblée nationale n'a pu , face au Président Nicolas Maduro , asseoir son autorité en dépit du soutien des Etats-Unis . Pourtant , en septembre 2019 , Guaido avait mis en place un système (réintégration du Venezuela dans le TIAR)  qui aurait pu servir de relais à une "intervention " plus ou moins directe de l'OEA (c-a-d des USA) . Mais l'Amérique latine n'est plus une "colonie " américaine comme au temps de l'intervention des Etats-Unis au Guatemala en 1954 : contrairement au positionnement de  John Foster Dulles à l'époque , Mike Pompeo vient de prendre acte du "surplace" de Guaido en appelant à son discret retrait en attendant de prochaines élections et la constitution d'un "Conseil d'Etat " intérimaire issu des 2 camps .

2- La situation économique est pire que la situation politique : une inflation de 9000 % et un budget aux ressources qui s'évaporent au rythme de l'effondrement du cours du baril : le baril venezuelien vient de passer sous la barre des 10 dollars alors que le coût d'extraction est de 19 $ . Or le budget dépend à 70/80 % des exportations de pétrole . Les files d'attente s'allongent devant les magasins et les hôpitaux qui doivent faire face à la pandémie .

                                                                       
Finalement les vénézuéliens vivent une triple crise : sanitaire (confinement) , économique (magasins vides,arrêt de l'appareil de production ) et politique (le "pion" Guaido soutenu par les Etats-Unis n'a pas progressé sur l'échiquier ...et les Etats-Unis semblent maintenant sortir du jeu ) . Il demeure cependant 1 inconnue : qui va "mettre la main" sur les réserves de pétrole (les premières du monde) du Vénézuela ? Les Etats-Unis qui ne peuvent plus compter sur le pétrole de schiste ...ou bien la Chine (1) qui avance sur le continent latino-américain ? ...ou bien un nouveau Bolivar vénézuélien ? 

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(1) pied-de- nez aux Etats-Unis : le prix du baril du pétrole n'est officiellement pas exprimé en dollars mais en yuan ...

jeudi 23 avril 2020

Moyen-Orient / tensions : bal masqué ?



La situation sanitaire semblait mettre sous cloche les risques de conflit au Moyen-Orient . D'ailleurs on a vu des solidarités nouvelles émerger entre les Etats du Golfe et l'Iran dans un contexte particulièrement dramatique pour Téhéran . Mais , sans être un rideau de fumée , la crise sanitaire ne masque pas les tensions : la solution "mi-figue mi-raisin " trouvée en Israël (gouvernement de coalition ) laisse la porte ouverte à une annexion de territoires en Cisjordanie , sur le Golan et la rive gauche du Jourdain alors même que le "plan de paix" proposé par Donald Trump semble , pour l'instant , encore à l'eau .

De son côté l'Iran vient de mettre en orbite un satellite militaire montrant ainsi qu'il dispose de missiles balistiques susceptibles (1) d'être équipés d'une tête nucléaire . Dans le même temps les Etats-Unis redoutent (ou font mine de redouter) un harcèlement naval dans le Golfe . 

Ces tensions interviennent - c'est à noter - à un moment où l'on ne craint plus une flambée des cours du pétrole du fait des baisses engendrées par la diminution drastique de la demande mondiale . Cette situation , sans être pour autant explosive , permet toutes les hypothèses alors que le monde est aux prises avec une des situations sanitaires les plus sérieuses de ces cent dernières années .

Une interrogation dans ce contexte : à qui profitent les tensions actuelles ? Aux Etats-Unis afin de pouvoir lancer une bouée de sauvetage aux sociétés américaines exploitant le pétrole de schiste et qui sont au bord de l'asphyxie ? Ou bien , au contraire , et au-delà des enjeux économiques , à des Etats qui voudraient saisir l'opportunité d'une situation internationale au bord du collapsus  pour régler des comptes qui ne seraient pas exclusivement financiers ?

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(1) les américains soutiennent que ces missiles balistiques sont contraires à une résolution ONU interdisant , peu après l'accord du 14 juillet 2015 , des vecteurs pouvant être équipés de tête nucléaire . Ce à quoi répond l'Iran que ces missiles (dont le rayon d'action est cependant d'environ 2000 km ) n'ont pour fonction que d'être strictement défensifs .

mardi 21 avril 2020

Interrogations d'un Béotien face à la cacophonie ambiante



L'épidémie était imprévisible et donc non anticipée . D'où le concert de "couacs" difficilement acceptables pour un Béotien qui s'en remet aux "sachants" qui , forcément , disent la vérité (... ) . Il n'empêche que ces "couacs" , dans notre civilisation si avancée croyait-on , sont nombreux : Sortir masqué ? certains doutent encore de l'efficacité des masques dont on nous a longtemps dit qu'ils n'avaient guère d'utilité ; or c'est désormais le contraire  . Confinement ? Faut-il  remercier l'Etat de prendre à ce point soin de nous ou bien s'interroger : le confinement est-il ou non compatible avec l'immunisation de groupe ? (les 70% de contamination  dont on nous rabat les oreilles) . 

Zone d'ombre sur les origines de la pandémie : un virus qui aurait échappé du laboratoire P4 de Wuhan ou bien hôte indésirable d'un marché aux pangolins , chauve-souris  et autres sympathiques bestioles  ? Volonté de la Chine de coopérer ou bien eau opportunément apportée au moulin des Routes de la Soie ?

L'Immunisation est-elle définitive ou bien simplement momentanée ? Ne serait-elle qu'une " anti-chambre " avant l'arrivée d'une "nouvelle vague " (que redoutent , encore plus intense, les américains lors de l'hiver prochain ) . De la même manière , les Etats-Unis admettent que 2 décès ont eu lieu en Californie début Février à la suite de contacts avec la communauté locale chinoise  : le virus aurait donc touché les Etats-Unis dès décembre . Ainsi contrairement à ce que prétendait Donald Trump en mars ce n'est pas l'Europe qui transmettait le " virus chinois " : ce virus guerrier venait du Pacifique !

Cacophonie des "sachants " à laquelle se surajoutent les onomatopées encore calibrées d'un monde politique pour l'instant en  réanimation ...

vendredi 17 avril 2020

Coronavirus et laboratoire de Wuhan : théorie complotiste ?



Est-ce une théorie complotiste que de prétendre que le coronavirus serait issu - par accident- d'un laboratoire de Wuhan et non du marché aux poissons dont on a longuement parlé ? Le Professeur Luc Montagnier , prix Nobel de médecine 2008 (découverte du virus du sida) vient d'affirmer (1) qu'après étude du virus il avait acquis la certitude que ce virus avait échappé à un laboratoire qui tentait d'en faire un vaccin .

Cette affirmation relance un questionnement qui passait pour un non-sens d'esprits échauffés fantasmant au gré de Fake news  . Cela d'autant que le laboratoire P 4 de Wuhan a été réalisé en collaboration avec la France (Inserm) avant d'être inauguré en 2017 .Dans le même temps la Grande-Bretagne , les Etats-Unis , la France font  part de doutes . Le Président Macron évoque des "zones d'ombre " dans l'attitude de la Chine . On sait qu'elle a lancé l'alerte avec retard et aussi neutralisé des "lanceurs d'alerte ".

Gardons-nous cependant de prendre pour argent comptant les déclarations du professeur Montagnier souvent décrié depuis sa sortie sur la "mémoire de l'eau " et l'inefficacité des vaccins . Pourtant ces affirmations de l'ancien Nobel et éminent virologue  ne peuvent être passées sous silence quand bien même elles semblent sortir d'un roman de science-fiction ...si le contexte , avec son terrible cortège de morts , n'était pas devenu bien réel .

Qui dit vrai ? pourra-t-on éclairer les "zones d'ombre" , si elles existent , de l'Empire du Milieu ? ...ou bien n'est-ce là que tentative de manipulation ou de diversion ? Bien malin qui , en ce moment , possède la réponse .


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(1) valeursactuelles. com  + chaine TV Cnews du 17 avril

mercredi 15 avril 2020

Relance de l'investissement : pas si facile !



Le ministre de l'économie , interrogé par la Commission des finances de l'Assemblée nationale, a regretté que les français épargnent plutôt que d'investir : la collecte du "Livret A " aurait ainsi doublé entre février et mars atteignant , pour ce dernier mois , la somme d'environ 4 milliards d'euros . Bruno Le Maire déplore que nos concitoyens , comme autant d'écureuils, constituent (et privilégient) une épargne de précaution . 

A juste titre et prenant en compte des considérations économiques le ministre souhaite que la relance puisse se faire via l'investissement . Mais peut-être se méprend-il sur 2 considérations :

1- D'abord les français (ou nombre d'entre eux) ont pour priorité de se protéger au rythme des statistiques "pandémiques" que Jérôme Jacob égrène tous les soirs comme on sonne le glas et qui , de ce fait , ne sont guère euphorisantes  : dans ce contexte d'incertitude à la fois économique, financière et sanitaire nos concitoyens tentent de se constituer une épargne de précaution pour eux-mêmes et leur famille . Faut-il le leur reprocher ? 

2 - Ensuite  - et sans être un oiseau de mauvaise augure - on peut se demander si la relance économique va dépendre d'une augmentation de l'offre . En effet le taux d'utilisation des capacités de production dans l'industrie manufacturière plafonne en mars à 58 % (1) contre 82 % en mars 2019 . Avant même le confinement , en février 2020 , ce taux n'était que de 79 % . C'est dire qu'il existe encore des capacités inemployées et de nature à faire face à un accroissement de la demande en fin de période de confinement . 

Quoi qu'il en soit il est à souhaiter que le plan de relance gouvernemental porte ses fruits et que , dans un deuxième temps , une fois atteinte la barre haute du taux d'utilisation des capacités de production , les projets d'investissements se concrétisent sans trop attendre et ne soient pas différés du fait d'un trop grand recours aux importations . Question de confiance ? 

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(1) statistiques Banque de France (webstat.banque-france.fr)

mardi 14 avril 2020

Le retour de l'Etat-nation




C'est peut-être ce que l'on retiendra , plus tard , de la crise sanitaire de l'année 2020 : ce sont les Etats qui ont été en première ligne et non pas les structures  régionales (Union Européenne, Unasur , O.C.S ou Union Africaine ...) ou mondiale (ONU, OMS ...) . Dans l'urgence et l'angoisse qui l'accompagne c'est la "première ligne " d'efficience , de solidarité et d'information qui compte (Chef d'Etat ou de gouvernement , préfets ou gouverneurs , Présidents de Régions ou Présidents de territoires autonomes etc...) . Ce sont eux les avants-centre et les demi de mêlées . 

L'Union Européenne a tenu lieu de "trois-quart aile "ou de "back office" dont le visage n'est pas apparu à défaut d'incarnation convaincante (ni Charles Michel , ni Ursula von der Leyen , ni Christine Lagarde) . Dans des situations de crise ce sont les Etats qui sont en première ligne parce que les citoyens ont besoin d'un chef de file et non pas d'une machine avec ses rouages si bien huilés soient-ils .

Une leçon à tirer , le moment venu , sera la nécessité pour l'Union de se doter d'un visage : peut-être faudra-t-il se décider en faveur d'un interlocuteur unique (comme cela avait été un moment esquissé dans les couloirs de Lisbonne en 2007) à la fois Président du Conseil européen et Président de la Commission .

Evidemment il ne s'agit pas de critiquer le rôle de l'Union quand bien même il y a eu "retard à l'allumage " : son action en termes économiques et financiers est essentielle . Mais sa dimension politique demeure dans l'ombre . En attendant ce sont les Etats-Nations qui sont en scène ... pour le bien ...ou le mal ? 

lundi 6 avril 2020

Croissance zéro = zéro emploi



Bruno Le Maire fait une piqûre de rappel : la croissance du PIB mondial va se trouver en berne de plus de 3 % . Celle de la France sera négative avec une chute de 6 à 8 % . Allons-nous nous installer dans un scénario de croissance 0 comme le souhaitait jadis le Club de Rome dans les années 70 (1) ?

Ce scénario était , à l'époque , une assurance contre les "méfaits" d'une croissance à +7 ou + 8 % et le pillage des ressources naturelles constaté à l'époque allant de pair avec les pollutions et les accidents industriels  . Ce scénario est-il réellement viable aujourd'hui ?

1- Un objectif de décroissance ou d'une croissance nulle est incompatible avec l'émergence d'Etats (Afrique, Amérique du Sud ...) vivant de leurs ressources naturelles . Dans les pays "industrialisés" ce scénario se traduirait par une brusque montée du chômage : les capacités d'investissement n'auraient pas à être augmentées puisque en adéquation avec une demande faible si tel était notre souhait de vivre , désormais, de manière plus "économe" et d'alléger notre consommation .

2 -Dans le même temps les rêves du Club de Rome sont , désormais , à notre portée puisque nous vivons une remise en cause globale de notre modèle économique . C'est , pour certains , une opportunité . Cependant il faut se demander si cette croissance zéro (après une décélération abrupte) est réellement ce que nous voulons . Ou bien , à défaut de croissance , voulons-nous miser sur un revenu universel... d'inactivité comme seule alternative au désemploi et à l'absence de revenus ? Ce n'est pas en tout cas l'option qui prévaut dans la zone euro ...

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(1) cf. rapport Meadows , The limits of growth (1972, M.I.T.)

dimanche 5 avril 2020

America ...First ?



Les Etats-Unis vivent une crise sanitaire sans précédent et en sortiront probablement affaiblis . Le fonctionnement de leur système de santé donnera lieu à des interrogations et à des remises en cause (cf. les millions de personnes ne bénéficiant pas de la gratuité des soins) . Leur marge de manœuvre sur le plan international sera réduite du fait d'une perte de crédibilité . Il est également prévisible que d'ici 1 à 2 ans les Etats-Unis , fort heureusement, remontent la pente sur le plan économique mais cette dimension ne concerne qu'une partie du prisme et , par ailleurs , la tentation hégémonique sera freinée par la nécessité de suturer les blessures sociales internes .

La Chine tentera certainement de saisir cette occasion pour se frayer un chemin en direction de l'Occident et d'asseoir ses positions en Afrique voire en Amérique du Sud conformément à son "agenda 2049 " . L'avancée Chinoise en Afrique sera d'autant plus importante que ce continent risque d'être profondément déstabilisé par la crise sanitaire : certains Etats n'auront d'autre recours que d'appeler Pékin à l'aide . Ce n'est bien sûr qu'une hypothèse mais elle est vraisemblable s'agissant de certains Etats à la dérive ...et disposant aussi de ressources naturelles dont la Chine est friande . 

Dans ce contexte où les fractures vont s’exacerber et  où le leadership américain sera contesté il reste à l'Union européenne un champ libre pour tenter de "jeter un pont " par dessus la faille . L'Europe - il faut en convenir - n'a pas été à la hauteur pour gérer la crise actuelle . Il n'y a pas lieu d'ailleurs de jeter la pierre aux Etats-Unis puisque en Europe ni la Commission ni le Conseil n'ont su prendre les devants ou réagir à temps . Mais face à ce défi et en prenant acte de ses carences l'Union peut rebondir d'autant plus que la Russie , également ébranlée , ne pourra longtemps faire "cavalier seul " ou s'atteler durablement à la Chine au  risque de se trouver vassalisée . L'Union européenne pourra d'autant mieux rebondir qu'elle retrouvera dans cette prise de conscience une part du message d'équilibre du Siècle des Lumières ...et un espace pour exister au plan international .

jeudi 2 avril 2020

Deconfinement : appeler "un chat un chat "



La tache sera lourde ce soir pour Edouard Philippe , Premier ministre : il devra préciser ce qu'il attend du deconfinement car les experts ne tiennent pas le même langage . 

Pour certains , le deconfinement a pour seul effet de ralentir la propagation de la contamination : ralentir simplement car la vague virale devra balayer la France d'est en ouest et du nord au sud . En fait, il s'agit de "moduler" la charge de l'adversaire viral en fonction des capacités hospitalières . Pour d'autres le confinement n'a pas pour seul effet de ralentir la vague mais de se doter , pendant ce temps , des armes pour mieux la combattre .

Il y a , de fait, deux écoles : celle qui considère que le corona virus ne sera vaincu que lorsque 60 % de la population sera contaminée (et donc immunisée) et ceux qui estiment que ce scénario fataliste ne s'accorde pas avec la manière dont la Chine , le Japon , la Corée du Sud , Singapour ou Taïwan ont géré la situation .


A défaut de clarifier ces points (qui ont un impact sur la stratégie territoriale de deconfinement ) nos concitoyens ne comprendront pas (1) ce que préconisent le gouvernement et les scientifiques  : faut-il souhaiter - se demandent-ils - ne pas être contaminé ou bien au contraire espérer être contaminé afin d'être immunisé ?   Un peu de lumière serait bienvenue !

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(1) Un autre point non compris : le ministre de la santé (et le reste du gouvernement) indique que le port de masque est inutile pour la population (hors professionnels de santé). L'académie de médecine dit le contraire . Est-ce que le port du masque ne serait pas considéré comme inutile...du fait, tout simplement , de l'absence de stock ?