samedi 2 mai 2020

Pétrole : quel impact géopolitique de la baisse des cours ?



Quand bien même le prix du pétrole a progressé du fait de l'accord intervenu au sein de l'OPEP et finalement appliqué début Mai , la baisse prévisible de la demande mondiale (et du niveau des stocks) ne permettra pas de revoir de si tôt un baril à 50 $ .  Or le pétrole de schiste américain , par exemple , n'est rentable qu'à partir de 40 $ . 

Quel impact (théorique) prévisible à court/moyen-terme sur les relations internationales ?

1- les Etats-Unis ont tout intérêt à ne pas hâter leur désengagement du Moyen-Orient (quand bien même la tentation sera évidente de renforcer leur position en Asie pour contenir la Chine ) afin de ne pas risquer de tarir un approvisionnement moins onéreux (coût d'extraction Arabie Saoudite : 3 $ ) . Tout aussi essentielle deviendra la nécessité de maintenir des alternatives d'importation depuis l'Amérique latine (cf. coût d'extraction du pétrole vénézuélien : 14 $) .

2- Les pays producteurs du Moyen-Orient devront compter sur les importations chinoises (et indiennes) dans un contexte économique de récession occidentale entraînant une forte réduction de la demande . La Chine et l'Inde en profiteront probablement pour renforcer leur position au Moyen-Orient  . Ces pays se trouveront ainsi "nez-à-nez" avec les Etats-Unis . L'autre hypothèse est un approvisionnement plus important auprès de la Russie , situation qui renforcerait les liens de dépendance entre Moscou et Pékin . Cette situation sera d'autant plus éprouvante pour la Russie que ses ressources sont liées  au cours du pétrole  ( projet de budget bâti sur une hypothèse de 45 $ ) .

3 - L'Afrique sera touchée de plein fouet par la baisse des cours et de fortes tensions pourraient en résulter (Nigeria , Angola , Algérie ...Libye , Soudan ) . La dépendance de pays d'Afrique sub-saharienne à l'égard de la Chine (endettement) en sera d'autant plus évidente et ces pays d'autant plus fragilisés . D'où les récents appels en faveur d'une annulation ou diminution de la dette des pays les plus touchés . La Chine se sentira-t-elle concernée ?

4- L'Europe (U.E.) , largement dépendante de ses importations de pétrole, tirera évidemment parti de la baisse des cours . Ce pourrait être un élément propice au rebond ...si tant est que la production et les investissements productifs repartent . Encore faudrait-il que la demande soit à la hauteur . Pour autant les incidences de la baisse du cours du pétrole sur la politique étrangère de l'Union (ou plutôt sur les relations bilatérales de chacun des Etats) n'est pas , actuellement , mesurable . Un impact possible sur les relations avec la Chine et la Russie ? C'est une éventualité . 

Aucun commentaire: