samedi 24 novembre 2012

Nucléaire/Moyen-Orient: pourquoi "enterrer" la Conférence d'Helsinki ?

La porte-parole du Département d’État américain,Mme Victoria Nuland, annonce l'annulation pure et simple de la conférence prévue depuis longtemps à Helsinki sur la création d'une zone dénucléarisée au Moyen-Orient. La conférence (décidée lors du "rendez-vous " quinquennal d'examen du Traité de non prolifération, en 2010) devait se tenir à Helsinki en décembre.

Certes, les législatives anticipées en Israël pouvaient justifier un report de la Conférence. C'est d'ailleurs ce qu'acceptait Moscou en demandant que ce "forum" se tienne avant avril 2013.

Pourquoi cette subite annulation sine die venant de Washington ? Cela peut surprendre que l'on renonce de la sorte à fixer un calendrier. A moins que tel ou tel Etat se sente"isolé" ?

 La situation est si embrouillée au Moyen-Orient qu'il sera bien difficile de trouver un bon créneau et le risque demeure que l'on reporte cela ...aux calendes grecques.

Le Département d’État se borne (1) à faire état de"la situation actuelle au Moyen-Orient". Le moment est probablement - pour certains- inopportun. On peut se demander s'il s'agit d'un problème de forme (opportunité en ce moment) ou bien d'un problème de fond (finalement cette initiative ne serait plus considérée comme "heureuse"). Si le problème est de fond et non de forme, cette conférence n'aura jamais lieu.

 C'est là, il me semble, une erreur que de laisser le Moyen-Orient face à ses "démons". Un débat sur la création d'une ZEAN (zone exempte d'arme nucléaire) aurait eu - au moins- le mérite "d'officialiser" les déclarations de Téhéran peu poussé à la transparence et, également, de freiner les ardeurs de certains Etats à même d'acquérir la technologie nucléaire militaire (et qui pourraient, déjà, avoir préparé le terrain).

Évidemment, rares étaient ceux qui se faisaient une quelconque illusion sur la création par un tour de passe passe d'une ZEAN d'ici quelques mois. Mais il y avait un intérêt certain à en débattre. S'il s'agit au contraire d'un enterrement de ce projet, le risque est encore plus grand : la porte ouverte à la course au nucléaire au Moyen-Orient.

 A qui cela profite-t-il? probablement pas aux Etats (s'il y en a ) dont les seules armes sont un fusil Lebel sur lequel s’emmanche une baïonnette...
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(1) Selon l'AFP , Mme Nuland, porte parole du Département d’État aurait indiqué:
 " Des Etats extérieurs ne peuvent imposer un processus dans la région pas plus qu'ils ne peuvent dicter le résultat d'une telle initiative".
Doit-on en conclure que les "Etats extérieurs" n'ont aucune légitimité à faire valoir leur point de vue au Moyen-Orient...même pour faire prévaloir la paix? J'entends d'ici le rire de Téhéran...

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