jeudi 2 juin 2016

Lettre à un ami espagnol sur l' état de la France




   Cher Pablo,


Depuis Madrid et en regardant la TV espagnole tu estimes qu'il ne fait pas bon vivre en France en ce moment. Je ne sais si tu fais allusion à la météo ou bien aux mouvements sociaux sur tous les fronts et, particulièrement, sur le Front de gauche.

Comme tu emploies l'expression espagnole follon j'en déduis que tu ne te réfères pas seulement au baromètre. J'ai cherché la traduction exacte de follon mais je n'en ai pas trouvé de probante. En empruntant au général De Gaulle c'est peut-être le terme de "chienlit" qui conviendrait. Rassures-toi il ne s'agit pas d'une grossièreté mais je mets cependant l'expression entre guillemets.

Je comprends ta perplexité : tu affirmes  que l'Espagne - même au temps de l'occupation de la Puerta del Sol par les Indignés - ne donnait pas cette impression de désordre . Tu insistes d'ailleurs sur le côté nauséabond de la situation et tu t'étonnes que souvent des ordures s'entassent .

Au fond, tu as bien raison de t'occuper de l'état de la France et je constate que nous fonctionnons de la même manière mais à l'envers : Ici le désordre est dans la rue, en Espagne il est plutôt au Parlement puisque aucune majorité n'a pu se dégager aux Cortes depuis décembre dernier et que votre gouvernement en est réduit à expédier les affaires courantes en attendant les élections du 26 juin .

 A ce propos dis-moi si le leader du parti Podemos , M. Iglesias se réfère encore au "modèle" économique qui plonge le Venezuela dans la misère (700 % d'inflation) et la violence.

Mais revenons à la France: nous vivons des situations paradoxales :

Notre économie va mieux (disons un peu mieux du fait de la reprise des investissement) mais il nous faut encore aller de l'avant (sans nous serrer la ceinture comme vous, espagnols, dont le pantalon était retombé sur les chevilles). Nous attendons une croissance (1,5 %) qui permette la création d'emplois et des annonces récentes nous confortent.

Mais il y a des barrages : la loi "Travail" (on se méfie d'un texte à l'expression ainsi raccourcie) ennuie un syndicat proche du parti communiste qui craint - dans les entreprises - d'être dépassé par un autre syndicat. Et cela juste au moment où se tient le 37 ème congrès du parti communiste . Tu vois bien - c'est évident -  que cette situation justifie les grèves, les blocages de raffineries, l'entassement des ordures etc.... (!)

Et les Français, me dis-tu ? Et bien ils attendent. Ils espèrent que le gouvernement empêchera un chaos qui ruinerait notre image...et à terme notre économie. A quelques jours des matchs de l'Euro cela ternirait le côté carte postale de la "Douce France" que chantait jadis Jean Sablon (j'ai retrouvé  un 78 tours qui grince un peu des dents ...). 

 Te saludo esperando poder ir a Madrid si no estan en huelga los pilotos, los controladores y las azafatas.

Tu amigo,


JMD

NB- No me envies carta pues no estoy seguro - con las huelgas - de que pueda atraversar los Pirineos.




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