vendredi 7 février 2014

Déflation ? Lettre à un ami Grec



                                                         Cher Demetrios,

Me voilà entrain de réviser d' anciennes leçons d'économie :  l'Union (ou du moins comme l'on dit les "élites") prend en ce moment d'étranges allures peu spartiates et qui me paraissent aller à  rebours de ce que nos concitoyens perçoivent.

Alors que je pensais que le rôle dévolu à la Banque Centrale (tu sais, celle qui a sauvé ton pays d'une sanglante défaite) était de maîtriser les prix et de combattre l'inflation, voilà que c'est désormais tout le contraire. Ainsi, certains sont encore appelés à serrer leur ceinture pendant que d'autres sont priés de consommer en achetant plus cher afin de porter l'inflation à un niveau décent.

Quelle effrayante nouvelle, Cher Demetrios, les prix baissent ! J'y perds mon latin : figure-toi que nos économistes sont persuadés que l'on consomme davantage lorsque les prix augmentent. Le crois-tu ?

 J'ai tenté,ici, dans cette ville du sud où j'habite de déclamer cela sur l'agora...et j'ai reçu des tessons de bouteilles. J'ai eu beau expliquer que la déflation était un démon , on m'a répondu que ce démon avait  sa place au panthéon car, vois-tu, - c'est ce dont on m'a assuré - les classes moyennes et  dites "populaires" n'anticipent pas de nouvelles baisses de prix pour, finalement, consommer : Ils achètent en fonction de leur besoin et...de leur faim sans faire de " plans sur la comète " quant à d'éventuelles nouvelles baisses de prix.

J'ai tenté de leur expliquer que si nous n'avions pas une inflation "convenable" les entreprises et les boutiques cesseraient d'investir, voire écouleraient leurs stocks plutôt que de les voir se déprécier de jour en jour. 

Ma sœur Anne (qui n'a rien vu venir) est persuadée que je raconte des histoires : elle m' asssure - au contraire - que tout augmente : le prix de la viande, celui des poissons , les impôts, les assurances ...Elle prétend que la seule chose qu'elle voit baisser est le moral de nos concitoyens. 

Finalement, je ne sais qui croire et c'est pour cela que je m'en vais de ce pas acquérir un solide livre d'économie ...dont le prix aura forcément baissé. 

Dans ta dernière lettre tu me disais qu'en Grèce , le prix des olives et aussi celui de l'ouzo avaient diminué. Tu t'en réjouissais. Détrompes-toi : c'est une bien fâcheuse nouvelle !

Crois , Cher Demetrios, en mes sentiments les plus cordiaux . Je t'assure que mes souhaits sont sans inflation aucune et que mon estime ne dépend aucunement du taux directeur qui est , il est vrai , bien bas,




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