mardi 31 mars 2015

Front national : front sans affront


Si , à l'occasion des élections départementales de dimanche dernier, le Front national avait emporté ne serait-ce qu'un seul département cela m'aurait semblé un affront. Heureusement il n'en est rien . Comme l'a dit justement un journaliste les électeurs ont refusé de donner au parti populiste " les clés de la maison".

 Certes les français sont frondeurs mais delà à imaginer un scénario "à la grecque" il y a plusieurs pas ...qui ont été faits à reculons .

 De la même manière - lors de récentes élections régionales en Andalousie - le parti populiste espagnol Podemos a conquis une quinzaine de sièges mais il n'arrive qu'en troisième position : on est donc loin du "tremblement de terre" (1) que certains prédisaient . 

Ainsi les français protestent et parfois descendent dans la rue . Mais la "Rue" est aussi réfléchie ... Elle sait manifester sur les places et boulevards mais, pendant ce temps, la maison demeure cadenassée...au cas où.

___________

(1) : Un article du journal espagnol ABC titrait au lendemain des élections "No hubo terremoto" (trad: "il n'y a pas eu de tremblement de terre".)

jeudi 19 mars 2015

Démocratie : le "modèle" occidental est-il exportable ?


Non , il ne s'agit pas d'une dissertation mais d'une question - au lendemain de l'attentat de Tunis - qu'on est en droit de se poser. Il est évident que l'anéantissement de l’État Libyen (2011) tout comme celui (en 2003) de l’État Irakien a contribué à asseoir la barbarie terroriste .

Dans les deux cas l'Occident (ou en tout cas certains de ses Etats "phares") est intervenu au nom de la démocratie , de la "bonne gouvernance" . Tout comme les États-Unis ont armé les islamistes appelés à la rescousse lors de l'intervention soviétique en Afghanistan en 1979. 

 Après "l'automne arabe" le sol est désormais jonché de feuilles mortes...

 N'est-il pas temps de se demander si en portant bien haut le flambeau de nos idéaux (et aussi peut-être de nos intérêts) nous ne faisons pas , finalement, le lit des djihadistes de tout poil ?

On dira , certes, que l'Occident a trouvé son assise et sa raison d'être dans ses valeurs , celles exprimées notamment dans la Charte des Nations Unies...et aussi dans une "destinée manifeste" justifiant  une expansion territoriale que nous légitimions en l'appelant " évangélisation ".

 Mais peut-être - du fait des pulsions d'un terrorisme fou - faut-il maintenant changer de cap .

 Notre démocratie occidentale est-elle exportable et ne prend-on pas le risque de susciter un chaos au nom de valeurs qui - hélas- se démonétisent hors du pré-carré occidental ? C'est une question que bon nombre de gens se posent . Sans pour autant - évidemment - basculer vers le repli sur soi populiste ...à la recherche d'une identité qui est notre bien . Un bien qui n'est pas forcément exportable.

jeudi 12 mars 2015

Etats-Unis : une bien étrange correspondance ...



Alors que les négociations portant sur le nucléaire iranien battent leur plein 47 sénateurs républicains viennent d'informer les autorités de Téhéran qu'ils sont en désaccord avec leur Président .

 C'est en tout cas l'interprétation que l'on peut faire du courrier que ces sénateurs ont  adressé aux autorités iraniennes (1) leur rappelant que seul le Congrès était en capacité de lever les sanctions économiques (et donc implicitement qu'un nouveau Président pouvait défaire -en accord avec le Congrès- ce que ferait l'actuel c'est-à-dire un éventuel accord sur le nucléaire iranien).

 Alors qu'en France l'on s'émeut des contacts que trois parlementaires ont eu récemment en Syrie avec les dirigeants du pays ou leur entourage , aux Etats- Unis ce ne sont pas 3 parlementaires mais 47 qui "parlementent " dans le dos de leur Président ...et cela en pleine négociation menée par le secrétaire d'Etat.

Une pétition aurait été mise en ligne (2) sur le site de la Maison Blanche par 160 000 américains demandant de poursuivre "pour trahison" les sénateurs en cause ...

__________

(1) et (2) cf. LeFigaro.fr avec AFP mis en ligne le 11mars 2015

lundi 9 mars 2015

Union européenne : Mal armée ?


 Le Président de la Commission européenne M. Jean-Claude Juncker vient d'appeler de ses vœux - face à la Russie - la mise sur pied d'une armée européenne (1).  Est-ce un vœu pieu ou bien la manifestation d'une réelle volonté? Une volonté exprimée par les 28 Etats de l'Union (bientôt 35 d'ici 5 à 10 ans en intégrant les candidatures en cours)?

 Rien ne s'opposerait à une telle option qu'envisageait d'ailleurs le Traité de Lisbonne . Encore faudrait-il que soient résolus au moins deux points : cette armée européenne serait-elle bâtie en coopération avec l'OTAN et sous quelle forme ( force permanente ou forces temporaires) ?

 En outre, les Etats de l'Union européenne (dont la vision n'est pas forcément identique et dont plusieurs ont diminué leurs budgets militaires)sont-ils prêts à financer cette force (sans recourir à des formules alambiquées du type "Athéna") ?

 De fait l'Eurocorps existe bel et bien . Peut-être faudrait-il (au-delà d' États-majors certes bien utiles) lui donner un peu plus de substance?

 Mais le problème non résolu à ce jour - et qui n'est pas prêt de l'être - est celui de la prise de décision dans une Europe ou prévaut l'unanimité en matière  de politique étrangère et de défense...Ce qui  nous amènera un jour à rechercher un consensus au beau milieu d'une Union à  "36 chandelles". 

Cela dit , tout comme nous ne sommes pas prêts - sauf quelques démagogues irresponsables - de  sortit de l'euro, nous ne sommes pas , non plus, prêts à sortir de l'OTAN. Fort heureusement!

Mais l'important est effectivement d'avancer dans la réflexion...et l'action. En cela l'appel de M.Juncker ne doit pas rester lettre morte.

____________

(1) voir l'article "en ligne" dans LEXPRESS.fr avec AFP du 8 mars 2015

samedi 7 mars 2015

Présidentielles 2017 : pourquoi Juppé ?


C'est apparemment un rébus pour une partie de la classe politique et des médias qui s'interrogent : "pourquoi Juppé ? " . La France est actuellement un vivant point d'interrogation (chômage, attentats...et affaires qui surgissent ou resurgissent). Et ce point peut éclairer notre lanterne à défaut de rallumer totalement notre flamme.

Si - comme il semble - des hommes et des femmes tant de gauche que de droite (et du centre) ont les yeux tournés vers l'ancien Premier ministre c'est que sa personnalité apparaît doublement rassurante : il ne court pas - comme certains autres - après l'argent , il possède le sens de l’État (et ce qui va avec : celui de l'intérêt général). Au demeurant personne ne doute de sa compétence et de sa loyauté dont il a su faire preuve en des moments difficiles .

 Au-delà de l'encensement de la part de Jacques Chirac à l'époque (l'expression "le meilleur d'entre nous " a bien fait sourire) l'homme Juppé est en phase avec un besoin du moment : la France a besoin d'un "patron" en qui avoir confiance. Elle sait aussi repérer les bonimenteurs (boni-menteurs), hésite encore à se tourner vers le Front national et estime peut-être qu'il y a une "nouvelle carte " à jouer. Peut-être...

A moins que le Président Hollande bénéficie d'une conjoncture économique plus porteuse (comme le pressentent la Commission de Bruxelles et la BCE). Qui sait ? Les paris sont ouverts ...

mercredi 4 mars 2015

Netanyahou devant le Congrès américain : paroles de prophète ?



Hier , le Congrès a ponctué d'ovations le discours du Premier ministre israélien : M. Benjamin Netanyahou n'y est pas allé de "main morte" en tentant de torpiller les négociations en cours sur le nucléaire iranien. Certes on peut se poser la question : est-ce - comme certains le prétendent - une opération électorale à deux semaines des élections législatives israéliennes ? Est-ce au contraire un discours Churchillien venant prédire au monde une catastrophe déjà bien annoncée ? 

Le Premier ministre israélien est probablement de bonne foi en s'interrogeant sur les risques d'un Iran nucléarisé : le Président iranien Rohani est certainement un homme politique responsable (on n'imagine pas qu'il puisse dissimuler des dizaines de milliers de centrifugeuses sous les montagnes près de la ville sainte de Qôm mais on ne peut - pour autant - s'empêcher de penser aux dissimulations passées : centrifugeuses enfouies à Fordo,  site de Lavizan - Shian  habilement "nettoyé " en 2005 juste avant une inspection de l'A.I.E.A,  réacteur à eau lourde d'Arak pouvant produire du plutonium.

 Bref, autant de raisons d'anticiper d'éventuelles dissimulations que de faire confiance à un Etat qui livre à l'organisation " État islamique " un combat sans merci. 

Les cartes sont en train d'être rebattues au Moyen-Orient : Peut-on faire davantage confiance à Téhéran qu'à Riyad ? Difficile de répondre. M. Netanyahou est-il un prophète ou bien ressasse-t-il depuis 20 ans le même discours ? 

Faut-il choisir entre le court terme (un combat identique contre l'organisation "’État islamique") et le long terme (le risque de dérapage d'un Iran jusqu’au-boutiste mettant le "feu aux poudres") ?

 Le Congrès américain a applaudi debout "comme un seul homme"  : pantomime ou bien tragédie ? 

jeudi 26 février 2015

Union européenne/économie : sortie de crise ?


Faut-il pousser un soupir de soulagement après 7 ans de crise? Des signes sont là qui , comme des mouettes, annoncent la terre promise à des navigateurs fatigués . Certes ces signes sont encore ténus : la Commission européenne ne prévoit pour 2015 qu' une croissance de 1,3 % en Europe et 1% pour la France. Ces taux sont donc encore insuffisants pour engendrer - sauf avec le levier des contrats aidés- une diminution sensible du chômage. 

Cependant à entendre M. Mariano Rajoy, Président du Conseil espagnol qui s'adressait hier 24 Février aux Cortes  l'Espagne entrevoit - enfin - le bout du tunnel avec 400 000 créations d'emploi en 2014 . Ce qui n'empêche pas d'avoir encore un taux de chômage supérieur à 23 %. Mais l'espoir est là puisque les prévisions de croissance sont désormais proches de 2 %.

Seule la Grèce demeurerait dans un puits sans fonds et les discours de M. Alexis Tsipras relèveraient de l'incantation...à destination d'un peuple désespéré (sauf les armateurs dont les navires battent pavillon des îles Vierges ou Caïman...).

 C'est probablement à juste titre que le Président Obama est venu battre un rappel : les politiques d'austérité peuvent aussi casser la croissance et conduire à la déflation . La Commission de Bruxelles prévoit ainsi une inflation négative  (- 0, 1%) en 2015 dans l'Union. 

Qui aura raison ? Des réformes dites structurelles étaient probablement nécessaires. Les États-Unis , eux, ont opté pour la relance et affichent un taux de croissance de l'ordre de 3,5%. Mais peut-être n'avaient-ils pas besoin de réformer leur économie suffisamment libérale ? En France , par contre, il faut lutter vent debout pour "dérèglementer" ... et utiliser le bazooka du 49-3 constitutionnel pour avancer (cf.loi Macron). Il n'est donc pas anormal que la croissance traine les pieds.

samedi 21 février 2015

La France qui broie du noir...


Les journaux "en ligne" foisonnent. Certains se contentent de relater des faits de société et il arrive qu'ils ne rapportent que massacres, viols, assassinats...C'est là leur fonds de commerce . Il est vrai que la France broie du noir en ce moment . Une assistante d'un centre social me confirme qu'elle n'a jamais vu autant de personnes en déprime, angoissées et se cachant sous leur couverture afin de mettre sous couvercle la réalité du moment .

 Les Français seraient-ils atteints d'une pathologie extrême en craignant plus que jamais que le ciel ne leur tombe sur la tête? Cette assistante sociale me dit que les personnes qui ne font pas l'autruche se préparent à voter - lors des élections prochaines - pour le Front national (1). Comme si lui seul pouvait apporter quelque salut...

Il est vrai qu'il est parfois difficile de prendre quelque recul par rapport aux "évènements" de ces derniers mois. On dit d'ailleurs "évènements" pour ne pas les nommer ...comme on évoque les "évènements" de mai 1968 pour ne pas se situer.

 Faire la part du réel et du quasi fantasme , prendre de la distance voilà qui est bien délicat aujourd'hui. Mais la voie du pessimisme, du ressentiment c'est aussi le piège qui nous est tendu. C'est une chausse-trappe  où nous poussent les terroristes de tout poil ...tout comme les bonnes âmes qui exhortent à ne pas bouger tant elles ont peur que nous tombions dans l'amalgame.

________________

(1) 30 % des intentions de vote pour les élections départementales (sondage IFOP pour le Figaro publié sur Le Figaro.fr le 22/2/2015)

lundi 16 février 2015

Moyen-Orient : doubles jeux ?


Il est difficile d'avoir des idées simples (comme le suggérait De Gaulle ) à l'égard d'un Orient compliqué. Et le Moyen-Orient reflète cette complexité : les États-nations sont à peu près inexistants du fait du caractère artificiel des frontières (cf.accords Sykes-Picot) et des tensions religieuses entre communautés musulmanes sunnites et chiites.

Viennent s'ajouter les rapports de force opposant les Etats qui veulent s'imposer en tant que puissances régionales : Turquie, Iran,Arabie Saoudite , Egypte. Cette concurrence rend les eaux encore plus troubles.

 On peut également s'interroger sur certains choix stratégiques : fallait-il fermer les yeux lorsque le Qatar ou l'Arabie Saoudite armaient et/ou finançaient le "Front Al-Nosra" en Syrie? Ce mouvement s'opposait à Bachar El - Assad mais il allait aussi faire alliance avec "l’État islamique " . Cette organisation  apparait  finalement comme un sous-produit du gouvernement chiite du Premier ministre Al--Maliki qui a  écarté l'opposition sunnite.Celle-ci a alors appuyé ou rejoint les rangs islamistes radicaux. Les États-Unis qui sont restés sur place jusqu'en 2011 n'ont rien vu venir .Nous non plus.

Deux questions au moins peuvent maintenant se poser :

1- Faut-il continuer à soutenir l'Arabie Saoudite et le Qatar qui ont indirectement contribué à l'émergence du soi-disant "Etat islamique" quand bien même il ne s'agirait que de financements privés comme certains l'assurent ? Cette question se pose tant aux États-Unis qu'à l'Union européenne .

2- Faut-il appuyer plutôt la montée en puissance de l'Iran qui est en première ligne contre les djihadistes salafistes via - notamment - le Hezbollah ? Cela passerait-il par un accord sur le nucléaire auquel Téhéran est attaché et dont il affirme qu'il n'entraînerait pas de dérive militaire ? Israël redoute ce scénario. Cela supposerait aussi que les pays occidentaux rebattent leur carte à propos de la Syrie et de leur position à l'égard du régime actuel.Il va sans dire qu'un tel changement d'optique entraînerait un repositionnement de la Turquie sunnite opposée au gouvernement syrien ...et qui rêve peut-être aussi d'une "Grande Turquie" héritière de l'empire ottoman.

                                                              ________________

Le bon choix ne saute pas forcément aux yeux...sauf à se demander quel est aujourd'hui le danger majeur pour les nations occidentales.S'il s'agit de l'islamisme radical (et les attentats à Paris ou Copenhague vont dans ce sens) on peut estimer que deux " alliés objectifs" émergent : Iran et Egypte. Certes ils sont de confessions différentes mais ni l'un ni l'autre n'ont d'intérêt dans l'avènement d'un Califat....alors que l'Arabie Saoudite ferait de son côté figure ambigüe "d'arroseur arrosé".

vendredi 13 février 2015

Russie : soif de reconnaissance ...seulement ?



En lisant (ou relisant) l'ouvrage de Francis Fukuyama "la fin de l'Histoire et le dernier Homme "(1) on est bien vite convaincu que la Russie est mue - depuis l'implosion de l'URSS en 1991 - par un profond désir de reconnaissance internationale à défaut d'une suprématie à laquelle elle ne peut plus prétendre . Cette ambition correspond à ce que Fukuyama dénomme Mégalothymia reprenant un terme cher à Nietzsche . Reconnaissance ou renaissance ? Les deux points de vue semblent coexister.

La Megalothymia n'est pas une pathologie : c'est simplement un des ressorts des relations internationales mêlant considérations stratégiques (contrôle des frontières, tentative de vassalisation des Etats appartenant à " l'étranger proche") et souci d'être reconnu sur la scène internationale. 

Il est vrai que la Russie de Vladimir Poutine n'est plus celle de Gorbatchev ou de Boris Eltsine  et qu'il existe probablement un fil conducteur reliant les initiatives et rendant cohérentes les influences recherchées : Union eurasiatique , coopérations au Moyen-Orient , alliances ponctuelles avec la Chine ...et tentatives pour reprendre pied en Europe Centrale .

 Difficile cependant de faire la part de ce qui ne serait qu' une aspiration pacifique pour retrouver la place jadis occupée par l'URSS...ou bien (si tant est que l'on puisse faire le tri ) volonté de puissance et de domination.

L'évolution de la situation en Ukraine nous renseignera bien vite.

__________

(1) Flammarion (Champs) 1992

lundi 9 février 2015

Contre le Front National : faire bloc


Le score du Front national aux élections législatives partielles du Doubs (environ 48 %) montre l'impact de ce parti au-delà de l'extrême droite traditionnelle. Des électeurs de l'UMP ont très probablement voté pour la candidate frontiste qui a failli l'emporter. 

Il ne s'agit - heureusement - que d'une élection législative partielle et les conséquences en sont minimes. Sauf que le "boulet" est passé très près. Sauf que cela démontre bien et la désespérance d'une part de la population et/ou les griefs et rancœurs que récupère le Front national ( lien entre immigration et islamisme par exemple ...). 

La France en même temps qu'elle doute quelque peu d'elle même et enfourche la vague "protestataire" est également  persuadée que le Front national qui sait si bien critiquer est dans l'incapacité (1) de gouverner : programme économique indigent et démagogue, incapacité de conduire une politique étrangère maîtrisant les enjeux de notre temps : Moyen-orient, Afrique, Europe de l'Est etc...C'est ce que deux tiers des Français expriment dans des sondages . 

Mais attention cependant de ne pas jouer avec le feu !

___________

(1) sondage Opinionway pour Metronews et L.C.I  cité par Le Point.fr du 8/2/15 selon lequel 65 % des Français considèrent que le Front national est incapable de gouverner (source AFP)

Ukraine : faire front


Certes il ne s'agit pas de l'épisode des fusées de Cuba ou bien de l'entrée des chars soviétiques à Budapest ou à Prague : les 2 bombardiers russes TU-95 interceptés fin janvier au large des côtes françaises et britanniques n'étaient certainement pas armés de missiles nucléaires...mais ils sont venus narguer l'OTAN .

Dans un contexte d'irrationnelles tensions les initiatives du Président Hollande et de la Chancelière Merkel sont bienvenues car la diplomatie a toujours son mot à dire ...à condition de ne pas invoquer l'esprit de Munich en 1938 plutôt que celui du 11 Janvier 2015 exprimant aussi  la solidarité de l'Union européenne.

 Il est évident que la Russie (pour masquer des conflits intérieurs?) cherche à remettre dans son filet à papillons son "étranger proche" passé prestement dans le camp occidental . C'est le cas de l'Ukraine et ce peut être bientôt le cas des Pays Baltes que Moscou s'essaye de rattraper.

Tout comme l'Occident se montre ferme à l'égard de l'Iran, il serait inconcevable que nous relâchions notre vigilance à l'égard de Moscou . Certes la Russie n'est plus l'URSS mais le joueur d'échec qu'est M. Poutine n'attend qu'une chose : que nous sacrifions notre "Dame" pour le seul bénéfice d'engranger un "Fou". 

Il ne s'agit évidemment pas d'être un "va t'en guerre" mais seulement de ne pas baisser les bras et de conserver - comme disent les américains - "toutes les options sur la table". Nous n'en sommes certes pas encore à évoquer les accords " Berlin Plus"...tout comme nous ne devons pas nous contenter d'ingurgiter une tasse de valériane.

samedi 7 février 2015

Iran/nucléaire : quelles chances d'aboutir à un accord ?


A Vienne,Munich, Genève ou Istanbul les négociations se poursuivent (officielles dans le cadre du groupe 5+1 ou bien plus bilatérales et donc plus discrètes) . Derrière ces négociations il y a l' ambition de l'Iran de devenir une puissance régionale reconnue 

Le fait d'être un pays du "seuil " c'est-à-dire d'être à même - selon les circonstances - de mettre au point une arme nucléaire mettrait l'Iran en "pôle position" alors même que d'autres pays ont la même ambition , celle de devenir une puissance régionale dominante au Moyen-Orient : c'est le cas de la Turquie, de l’Égypte...et de l'Arabie Saoudite (qui , par ailleurs, nourrit une détestation à l'égard de l'Iran chiite). 

Cet arrière plan est important pour comprendre la position de l'Iran : il s'agit à la fois de ne pas "perdre la face" vis à vis des autres puissances qui émergent ou croient émerger et dans le même temps de donner des gages - sur le plan interne - aux conservateurs qui sont en embuscade. Tout cela au moment où l'Iran subit de plein fouet des sanctions économiques. 

Cela pour dire que - derrière les négociations en cours - et dont le terme est juillet prochain (au-delà de l'échéance "politique" de fin mars) se joue une partie d'échec sur le plan régional (Israël, Turquie, Arabie Saoudite, Egypte...tous aux aguets) et aussi au niveau national : les "gardiens de la révolution" (les Pasdarans) ne sont pas sur l'avant scène mais non loin, juste derrière le décor. Tout comme Israel qui compte bien - devant le Congrès américain - prochainement exposer ses craintes. 

La voie est donc étroite pour trouver un accord : permettre (1) à l'Iran de disposer d'UFE (2) pour ses centrales nucléaires produisant de l'électricité tout en ayant la certitude que ne sera jamais franchi le seuil à partir duquel le niveau d' enrichissement devient un piège .

____________

(1) C'est un des paradoxes du TNP que de vouloir (à juste titre) s'opposer à la prolifération nucléaire et - dans le même temps - encourager le nucléaire à des fins civiles (électricité) alors même que la frontière entre les deux est quasi inexistante (réacteurs dits de recherche, centrifugeuses, réacteurs à eau lourde produisant du plutonium...).

(2) = Uranium faiblement enrichi (ne dépassant pas 5%).

mercredi 4 février 2015

Alain Juppé : une prise de position courageuse


Il aurait été plus facile de s'abriter derrière un "ni-ni" compatible laissant la porte ouverte à tous les compromis. En prenant la décision d'appeler - lors de l'élection législative du Doubs dimanche prochain - à voter contre l'extrême droite l'ancien premier ministre fait un choix , celui de s'opposer à la dérive populiste et démagogue qui menace nombre de nations européennes tant du "nord" que du "sud".

On peut évidemment prôner une autre politique économique ou bien honnir l'islamisme radical sans pour autant appeler de ses vœux une France repliée sur elle-même et se marginalisant ainsi que le fait le Front national.

Qui prétend que nous perdrions notre identité dans l'Union alors même - on l'a vu lors de la marche républicaine du 11 janvier dernier - que l'Europe est un nouvel espace de solidarité et d 'affirmation de valeurs bien au-delà les intérêts des marchés et des entreprises ?

Le "Coq Gaulois" voudrait-il continuer à chanter seul alors même que notre basse-cour se décline désormais à l'échelle du monde ? 

En ce sens la prise de position de M. Juppé est courageuse : je ne pense pas qu'il en recherche - ou en tire - un bénéfice politique dans le court terme mais il se démarque ainsi de ceux qui veulent assembler des vents contraires quitte à se laisser emporter dans des tourbillons par la suite non maîtrisables . 

Un candidat à l'élection présidentielle ne saurait rêver d'un théâtre d'ombres. M. Juppé a ainsi démontré - il me semble -qu'il n'était pas une marionnette.

vendredi 30 janvier 2015

Grèves à répétition : un "mal " Français ?


Les grèves se succèdent (SNCF, routiers, médecins, cliniques ...) dont certaines impromptues (RER A à Paris) avec, pour objectif,  de faire pression soit sur telle direction d'entreprise soit sur les pouvoirs publics. Chaque fois - dans la pratique - sont "pris en otage" des usagers qui ne savent plus à quels saints se vouer. Mais les Saints évidemment n'en ont que faire car la grève est interdite au Paradis...

Plus sérieusement (et malheureusement) on est tenté d'établir une relation avec les intentions de vote en faveur de l'extrême droite (1) qu'un récent sondage donne en tête au premier tour des élections présidentielles de 2017 (mais quand même pas au second ). La relation n'est évidemment pas corrélation : juste une "passerelle" parmi d'autres. Car il existe d'autres raisons qui viennent alimenter les interrogations, les doutes de nos compatriotes : un chômage qui ne baisse pas (et qui ne baissera pas tant que la croissance n'atteindra pas 1,5 % du PIB), la poussée de l'islamisme radical, notre "modèle de société" remis en cause par les économies nécessaires (indemnisations , prestations sociales, politique de santé....).

Tout comme en Grèce le parti d'extrême gauche rallie les sans emploi, les laissés pour compte...de même l'extrême droite Française happe les mécontents et ceux qui se sentent rejetés : ceux qui pointent sans trop d'espoir à "pôle emploi" , ceux qui errent sur les quais de métro ou ceux qui ne voient plus - dans leur quotidien - que " des trains passer "...sans s'arrêter.

Cette vision est évidemment pessimiste et donc excessive : nombre de Français sont persuadés que notre pays possède d'évidents atouts (au-delà de la haute couture et des fromages comme le disait en plaisantant Georges Pompidou). Hélas beaucoup d'entre eux ne les distinguent plus et prêtent maintenant l'oreille aux chants des sirènes ...pour rêver.

____________

(1) Entre 29 et 33 % pour la Présidente F.N (cf.Le Monde . fr du 30 janvier 2015 )
.

mardi 27 janvier 2015

Grèce / Espagne : des espoirs ou désespoirs ?


Les Grecs désespérés semblent reprendre espoir : l'émotion l'emporte souvent sur la raison (même au pays des sophistes). Des pensions de retraite réduites, des salaires écornés, une politique de santé qui part à vau l'eau : cela ne peut que renforcer les aigreurs et le doute sur le "vivre ensemble" dans l'Union. 

Evidemment M. Tsipras n'apportera pas de solution miracle, évidemment les applaudissements cesseront et les larmes couleront...à nouveau. Il n'empêche : tout comme en Espagne,  Pablo Iglesias , leader du parti radical Podemos, M . Tsipras apporte une lueur d'espoir quand bien même il s'agirait d'un feu de paille ou celui d' une allumette. 

Les accents de l'Internationale se font entendre à nouveau tout comme celui du "temps des cerises". Mais ces chants n'ont qu'un temps.

Plus curieuses sont les alliances de la gauche radicale et de la droite extrême : je me demande si - en Espagne - M. Iglesias (ancien conseiller de M. Chavez ) pourrait trouver une oreille complaisante chez des ex-franquistes (toutes choses égales par ailleurs comme l'on dit). 

Une dame Grecque interviewée sur France 2 répondait hier ; "finalement, au point où nous en sommes, qu'avons-nous à perdre?".

C'est là ce que je crains pour nos démocraties : qu'elles soient prises en étau entre souverainistes, xénophobes et "nouveaux pauvres" désespérés. 

Certes les 2, 5 % de croissance prévus en Espagne en 2015 peuvent réconforter ; pour autant le parti  politique Podemos continue à croître en dépit de la croissance annoncée.

lundi 19 janvier 2015

Iran / nucléaire : demeurons vigilants



Les négociations viennent de reprendre : faut-il désormais jeter le voile sur les intentions prêtées à l'Iran de se doter d'une bombe nucléaire derrière le paravent du nucléaire civil ? Finalement 2 thèses s'affrontent:

1- L'une soutient que l'Iran est une puissance régionale (actuelle ou en devenir) et qu'il ne convient pas de marginaliser un Etat (théocratique ou pas) qui possède un rôle stabilisateur dans un moyen-orient en proie à des bouleversements ou des basculements possibles (successions difficiles en Arabie Saoudite). Selon les défenseurs de cette thèse ce serait une ineptie de maintenir des sanctions économiques qui (avec la baisse du prix du pétrole) risquent de faire sombrer le pays et lui ôter tout rôle de médiateur ou de "partenaire d'équilibre ". Il conviendrait donc de faire confiance à l'Iran et de considérer que l'uranium n'alimentera que les centrales produisant de l'électricité (telle le site de Busher sur le Golfe Persique). Le "compromis" trouvé supposerait, bien entendu, des investigations soutenues (sur la base du protocole additionnel au T.N.P.).

2- L'autre met l'accent sur le risque majeur que présenterait une bombe nucléaire qui pourrait tomber dans les mains de "fous de Dieu" , de djihadistes dans le contexte actuel de déchaînement contre l'Occident assimilé au mal.  Cette thèse s'appuie sur des éléments de doute bien connus : pendant longtemps l'Iran a dissimulé son programme nucléaire et les milliers de centrifugeuses qui tournent à Natanz ou à Fordo. Les partisans de cette thèse s'interrogent également sur le réacteur à eau lourde d 'Arak pouvant produire du plutonium. Ils soulignent que l'Iran possède (outre les missiles à moyenne portée dont serait doté le Hezbollah) des missiles balistiques d'un rayon d'action de 2500 km (pouvant atteindre l'Europe et justifiant donc le bouclier anti missile envisagé en Europe de l'Est).

Quelles considérations vont l'emporter dans les négociations ? Ce qui est certain c'est que les attentats  récemment commis à Paris ont contribué à faire douter et , peut-être, à ouvrir les yeux quant aux risques islamistes .

 Et si l'Iran - dans son discours - s'abritait derrière la taqiya (mensonge autorisé par le Coran )  étant entendu que - depuis 1988 - il a connaissance (théorique au moins) de la technologie nucléaire militaire (fournie par Abdul Qader Khan, le "père" de la bombe nucléaire Pakistanaise) ?

 Au-delà du risque de prolifération émerge le risque de " non contrôle" de l'arme si l'Iran parvenait à s'en doter (en utilisant comme "socle " l'uranium hautement enrichi - 20 % - destiné à l'un des réacteurs de Téhéran "à usage médical").

Pourquoi Arak , Pourquoi Fordo caché sous les montagnes près de  la ville sainte de Qôm ?

Serait-ce... dans  l'attente de la venue du 12 ème Iman ? 


jeudi 15 janvier 2015

" Le choc des civilisations " : à l'ordre du jour ?


Samuel Huntington avait-il raison lorsque qu'il prédisait il y a presque vingt ans un "choc des civilisations" ? A l'époque les beaux esprits se gaussèrent : de quelles civilisations parlait-on ? Les cultures et les oppositions internes sont si nombreuses que l'on ne peut parler (disait-on) de "choc" entre des plaques tectoniques non identifiées, des ovni en quelque sorte.

 Et pourtant , aujourd'hui, on peut - sans tabou, préjugé ou a priori - se poser la question. Sauf à être aveugle on doit bien constater qu'il y a un "monde" dans lequel la religion (musulmane, hindouiste ...) guide la plupart des instants . Il y a - il faut oser le dire sans se cacher derrière des périphrases - un monde religieux et un monde dans lequel l'individu s'épanouit en tant que personne sans l'express soutien d'une religion...sauf peut-être en des moments symboliques et sociétaux. 

C'est - il me semble - une ligne de fracture :

- Ceux (cf. Francis Fukuyama) qui considèrent que nous sommes arrivés au "dernier homme" puisque les besoins de reconnaissance sont satisfaits par la démocratie libérale.
- Et puis il y a les autres : musulmans, hindouistes, bouddhistes ... qui n'attendent rien d'un bonheur matériel ou qui le relativisent mais qui tous se fondent dans une religion ou un mythe soit avec sérénité soit avec violence ; dans les deux cas au nom d'une religion. 

Ce n'est donc pas un choc des cultures... c'est un choc d'un monde en voie de "déspiritualisation" (1) et un monde où la religion est tout (soit par foi véritable, soit par désespérance soit par frustration ou rancœur). 

Bien évidemment, il serait simpliste de définir 2 camps tant les imbrications et les logiciels personnels sont multiples. Cependant on a beau dire que chacune de ces religions comporte de longues cohortes de "religieux pacifiques et modérés", il n'empêche qu'elles peuvent aussi véhiculer la violence et la mort comme aux siècles de l'Inquisition... et lors de la Saint-Barthélémy.

 Peut-être ai-je tort de faire ces rapprochements mais je crois qu'il ne faut pas jeter Huntington aux oubliettes (2). On peut aussi lire Francis Fukuyama et méditer sur le sens (ou le non- sens) du "dernier homme" que la démocratie libérale a comblé de bonheurs mais privé d'élan , de  thymos.
_________

(1) "Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle , des pantalons décolorés et des aliments trop riches,voilà qui est révélateur de ce qu'est l'Occident "  ("Le Choc des civilisations" . S. Huntington .Editions Odile Jacob . 1997. page 59).

(2)  Un bémol toutefois  : Huntington prédit un monde où domineraient 6 ou 7 "civilisations" mais dans lequel un conflit d'une de ces civilisations contre le monde occidental serait improbable. Selon lui domineraient les conflits interethniques . Les événements récents en France et ailleurs en Europe ainsi qu'aux Etats-Unis montrent bien que les conflits peuvent être engendrés - de front - par l'une ou l'autre de ces "civilisations". 

lundi 12 janvier 2015

Djihadisme : combattre , ne pas baisser les bras


Alors que le djihadisme menace la France  (et,au-delà, le monde occidental) rien ne serait pire que de baisser les bras . La lutte sans merci désormais engagée contre le djihadisme est un combat de longue haleine non compatible avec crainte, frilosité ou repli sur soi (1). 

Je pense qu'il faudra probablement mieux tenir nos frontières et revoir ''l'espace Schengen"; cela demandera une coordination au sein de l'Union et une identique volonté. Cela supposera aussi que nous n'écoutions pas le chant des sirènes extrémistes . L'Union ne peut se replier sur elle-même avec pour seul idéal le confort matériel ... et moral. 

Ce combat est prioritaire, tout autant que la lutte contre le chômage . D'ailleurs ces 2 combats se rejoignent puisque la désespérance de certains jeunes les pousse en des chemins suicidaires forcément sans issue.

 L'Occident devrait faire aussi un retour sur lui-même : ses valeurs ne se limitent pas aux valeurs des marchés financiers. Les Européens - et probablement aussi les occidentaux - ont besoin d'un idéal et d'un but pour rompre avec la tentation du laisser-faire , du laisser-aller et aussi du pessimisme que des écrivains - célébrés - véhiculent.

Il appartient à l'Union de donner sens à l'hymne européen en réintroduisant la joie présente dans les paroles mais souvent absente des actes .

La "vieille Europe" doit s'éveiller... Le combat contre le djihadisme sera peut-être ce qui tirera "nos vieux pays " de leur apparente léthargie. Souhaitons - le .

________

(1) cf. l'excellent article de Nicolas Baverez : Le Point n° 2209 p 12 dont je tire la phrase suivante " A terme , l'islamisme perdra car il n'est qu'un nihilisme fondé sur l’idolâtrie de la violence, sans projet politique, économique et social crédible ".

samedi 10 janvier 2015

N 'ayons pas peur !


Les événements horribles qui viennent de se dérouler nous plongent dans le doute : c'est évidemment l'objectif des "djihadistes" de terroriser et de déstabiliser. Plusieurs chemins s'offrent maintenant à nous : l'amalgame et la haine ou bien le sang froid et l'union nationale ...et l'union dans l'Union européenne. 

Pour autant, il ne faut pas se voiler la face : derrière les "djihadistes" bornés il y a forcément des manipulateurs. Au-dessus des marionnettes qui croient agir au nom de l'islam, il y a des islamistes poussés par la haine de l'Occident et de ses valeurs de liberté : pour certains d'entre eux elles seraient incompatibles avec le Coran . 

On peut également se demander qui manipule les manipulateurs : sans sombrer dans un délire paranoïaque on peut penser que des Etats du Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Qatar...) ont joué avec le feu en menant un  "double jeu" : financement de réseaux djihadistes (au Moyen-orient , en Afrique...) tout en tirant profit  - en parallèle - d'un "doux commerce" avec l'Occident. 

Ces quelques réflexions montrent combien il est indispensable que nous gardions notre sang froid : avoir peur c'est ce que souhaitent et des " jeunes " écervelés qui pataugent dans le non-sens et peut-être aussi ce qu'attendent certains Etats (ou des "Etats auto-proclamés "). 

L'exhortation de Jean-Paul II est plus que jamais d'actualité : N'ayons pas peur!