lundi 16 juillet 2018

Faut-il quitter l'OTAN ?


Un sondage récent (1)  effectué auprès de ses lecteurs par le magazine Le Point indiquait qu'à 0, 2 point près (50 , 1 % -  49, 9 %) les Français se posaient effectivement la question de l'opportunité de demeurer dans l'OTAN . Ces hésitations sont en partie liées au comportement de Donald Trump qui s'adresse à ses homologues en "maître d'école" . Mais la condescendance du Président américain n'est pas un critère suffisant pour se prononcer s'agissant d'enjeux majeurs de sécurité . 

Etat des réflexions :

1-Certes , certains estiment que la Russie n'est plus une menace et que le Pacte de Varsovie est depuis longtemps enterré : oui mais l'annexion de la Crimée est toute récente ainsi que le souhait russe de contrôler l'Est de l'Ukraine . De la même manière des pays d'Europe centrale tout comme les Etats baltes (et aussi la Norvège) n'excluent pas de possibles tensions avec la Russie si elle renouait avec la tentation impérialiste qui serait - selon certains - inscrite dans ses gènes depuis l'époque tsariste . Encore qu'avec un PIB de 1500 milliards de $  la marge de manœuvre russe se trouve limitée . Mais pour autant il s'agit d'une puissance nucléaire majeure et la Chine est un allié potentiel . Cela rend donc moins évidente l'option "départ de l'OTAN " . 

2-Une autre considération , par delà le "rapport de force " militaire , a trait à nos valeurs de civilisation que nous entendons aussi défendre . Sur ce plan , quand bien même les Etats-Unis - en raison du discours nombriliste de l'actuel président  - se déconsidèrent, il ne faut pas oublier ce que nous partageons avec eux : notre attachement aux valeurs républicaines , à l'esprit des Lumières ; bref, à tout ce qui fonde notre civilisation . Notre cœur demeure (pour l'heure) à l'Ouest et aussi notre raison...quand bien même Donald Trump (sanctifié par le courant évangéliste, par l'extrême droite et le courant néo-conservateur) nous paraîtrait irraisonnable et imprévisible .

3-Pour en revenir aux considérations militaires , il est également clair qu'une sortie de l'OTAN serait absurde tant que n'est pas mise sur pied une défense européenne . Or celle-ci se trouve encore balbutiante , freinée par la règle de l'unanimité  et par une coopération insuffisante en matière d'armement. Par ailleurs la coopération militaire privilégiée que nous entretenons avec  le Royaume-Uni (cf. Lancaster  House ) survivra-t-elle au Brexit ? Le rapport d'Hubert Vedrine (2012) sur le bien fondé du retour de la France dans l'organisation intégrée de l'OTAN mettait en avant la nécessité de privilégier la cohésion de l'Union dont certains Etats demeuraient attachés à l'Alliance . La question de la "survie " de l'OTAN impacte donc directement l'Union sur le plan politique . 
                                                             
4 - Finalement l'OTAN a encore - pour l'heure - sa raison d'être notamment si (comme cela a été souligné au sommet de Lisbonne en 2010 ) la lutte contre le terrorisme entre bien dans les nouveaux concepts de l'Alliance . Tant que notre partenariat avec la Russie ne sera pas totalement clarifié (et dénué de sous-entendus) il est préférable de ne pas affaiblir le rapport de force qu'introduit l'OTAN ...et qui n'est pas exclusivement militaire mais repose sur des valeurs partagées. Plutôt que de juger et trancher à chaud se rappeler que le mandat de M. Trump n'est pas éternellement renouvelable ... Au-delà , lorsque l'Union disposera d'une vraie Défense européenne (en 2030 ? ) la question évidemment se reposera et comme disent les américains "toutes les options seront sur la table " .
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(1) sondage en ligne effectué par Le Point . fr le 13 juillet 2018

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