mercredi 13 novembre 2013

La France " déboussolée " : lettre à un ami Grec lui demandant son aide



                                                     Cher Démétrios,



Tu te souviens que l'an passé je me gaussais quelque peu de ton pays en quasi faillite et m'inquiétais de la montée d'un mouvement dit "Aube dorée " qui, me dit-on, est désormais plus proche du crépuscule que de l'aube, ce dont je me réjouis avec toi . 

Mais, vois-tu, en notre douce France (que chantaient jadis Charles Trenet et Jean Sablon) des groupes surgis de nulle part ne poussent plus la chansonnette : ils brisent , ils cassent, ils sifflent notre Président. Ils ont même tenté de prendre la Bastille ; je veux dire bien sûr la place de la Bastille dont ils avaient , un moment, essayé de vendre les pavés à un millionnaire Texan comme jadis ce furent les boulons de la Tour Eiffel

Ainsi, Cher Démétrios, notre France me paraît sinon déboulonnée du moins bien déboussolée. Peut-être est-ce l'effet du Beaujolais nouveau ? L'Europe (je veux dire l'Union ) à laquelle tu appartiens nous regarde curieusement : nos amis d'outre-Pyrénées ont , depuis longtemps, accepté de se serrer la ceinture : ils viennent désormais d'avoir l'autorisation de la défaire d'un cran . Evidemment, je ne parle pas de ton pays qui tient grâce aux bretelles prêtées par l'Union puisque sa ceinture s'en est allée au musée de l'Acropole , cela pour l'enseignement des générations futures.

 Donc , ami, je me mets à désespérer lorsque je vois que notre aréopage, du haut de son Acropole, donne l'impression d'une impassible immobilité : les Français (tu sais que nous descendons par la main gauche des Celtes qui ont mis à sac , pardonne-moi, votre sanctuaire de Delphes) ont horreur de l'immobilité; ils préfèrent un "chef de guerre '' virevoltant plutôt qu'un sage auquel le peuple refuserait d'accorder le beau nom de "philosophe".

Mon inquiétude ne se résume pas à une interrogation sur l'apparente immobilité de l' aréopage, elle va plus loin : A force de bonnets rouges ou de bonnets de Marianne mis à l'envers, je crains que les élections au Parlement européen expriment une colère, une frustration qui freinera nos ambitions et atténuera nos convictions.

 Vois-tu, quelle étrange choses ce serait - du fait de votes griffonnés sur des débris de pots cassés ou de tessons de bouteille - qu' une majorité anti-européenne siège au Parlement européen.

 C'est là mon inquiétude et la raison de cette lettre : peux-tu lancer plusieurs bouteilles à la mer pour dire à nos Gaulois éméchés ( à force de prendre l'eau plutôt que de boire la cervoise) que l'Aube - en Grèce - n'est pas dorée et que c'est "dorer la pilule " que de le faire croire?

 Au moment où notre économie semble timidement repartir il ne faut pas que mes compatriotes soulèvent les pavés en imaginant qu'ils y trouveront (comme jadis en mai ) le sable doré d'une plage.

 Je te remercie de ce qu'il te sera possible de faire. Je te prie de bien veiller à lancer des bouteilles à la mer plutôt que des amphores qui n'atteindraient nos côtes que bien après les élections européennes, ce qui serait grand dommage.

                               Reçois , Cher Demetrios, mes amicales pensées que je m'empresse de t'adresser avant que le ciel ne nous tombe pour de bon sur la tête...




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