mercredi 2 mars 2016

Le drame Syrien ...en questions


Le déferlement de migrants telle une pauvre horde de va-nu-pieds du moyen-âge (une croisade à rebours?) interpelle. Ils fuient un Etat en cours de destruction.

Quelle est - au-delà de nos atermoiements - notre part de responsabilité ?

 Les questions ou constats suivants sont au cœur du problème quand bien même ils ne peuvent tout expliquer :

1- On sait que l'intervention américaine en Irak en 2003 annonce - indirectement- l'acte de naissance de l'E.I.("Etat" islamique)  en 2006. La jonction djihadistes sunnites d'Irak et de Syrie date de 2005/2006.

2- Plusieurs Etats occidentaux (dont la France) ont été pris de court par les "printemps arabes" de 2011. Fallait-il - sans tarder - prendre un nouveau "train en marche" ?

3- Les mouvements d'étudiants en Syrie s'inscrivent dans le contexte des printemps arabes de 2011: les rassemblements étaient pacifiques et la répression du gouvernement syrien fut incontestablement violente et disproportionnée.

4- Peu après (ou en parallèle) se constituait l'A.S.L (Armée Syrienne Libre) considérée comme modérée mais intégrant des djihadistes (ou étant noyautée par ceux-ci). Aucun leadership ne s'en est dégagé au gré des présidences tournantes d'un interlocuteur devenu virtuel mais armé et par les Etats du Golfe et par des Etats occidentaux.

5- Entre temps les Etats sunnites qui vouaient aux gémonies le Président Assad (alaouite donc chiite) ont mis de l'huile sur le feu . Un écran de fumée s'en dégageait qui rendait alors Bachar el-Assad coupable de tous les maux . La "Communauté internationale " (dans sa version occidentale) a jugé que le Président syrien devait s'en aller. Persona non grata ...en quelque sorte.

6-Pendant que nous poursuivions de notre ire le Président syrien, l'E.I. décapitait, égorgeait et - très probablement - utilisait du gaz sarin . L'utilisation d'arme chimique par le gouvernement syrien est aussi probable ou possible bien que des rapports demeurent encore contradictoires.

7- Notre part de responsabilité quelle est-elle ? peut-être d'avoir eu trop longtemps "la tête dans le guidon'' en considérant (voir les multiples déclarations de Laurent Fabius, M.A.E.E. en 2014-15) que notre premier ennemi était le Président Syrien. Avons-nous joué "sur la corde raide "en soutenant et armant l'A.S.L qui penchait parfois du côté du mouvement djihadiste Al-Nosra (déclinaison locale d'Al - Qaïda ) ?

8- De fait, la population locale semble avoir été prise entre plusieurs feux dont certains - outre "l'Etat" islamique - ont été allumés par des Etats du Golfe et par les Occidentaux. D'où la diaspora à laquelle nous assistons : demandeurs d'asile, pauvres gens, enfants, opportunistes fantasmant sur l'Occident, ...et aussi djihadistes "sous le manteau". 

9-Et pendant ce temps le Président syrien demeure fermement arc-bouté sur ses élections (depuis 2000) et considère  comme marque d'ingérence les pressions voulant organiser sa sortie qui - à défaut d'être préparée par une consultation - pourrait conduire à un chaos libyen.

 Et pendant ce temps...la population fuit les " champs" de batailles et les villes laminées . 

 Et pendant ce temps ...l'Union européenne après avoir tendu les bras, fouille désormais dans ses poches pour aider la Grèce ou bien "sous-traiter" à la Turquie.

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 Que diront de tout cela dans 20 ou 30 ans les historiens ?

Quelle part de responsabilité (ou d'aveuglement) de l'Union européenne pointeront-ils ?

A moins qu'ils ne disent que ce fut le début d'un "New deal '' avec la Russie et les U.S.A... et la Chine fermement alliés pour stopper les nouveaux barbares . Une nouvelle ère pour l'Union ?


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