vendredi 27 janvier 2017

GLOZEL : sans doute(s)...



Il y a 7 ans s'éteignait Emile Fradin "inventeur" du site archéologique controversé de Glozel (1) emportant avec lui le secret de ses découvertes . Elles ont - un moment  - remis en cause l'origine phénicienne de notre alphabet : à Glozel une apparente écriture surgissait de tablettes d'argile retrouvées en 1924 dans des fosses ogivales non loin d'ossements qu'une mesure au carbone 14 faite par un laboratoire écossais en 1976 datera du paléolithique (-17 000 ans). La tentation fut grande de faire l'amalgame entre l'âge des inscriptions et l'âge des ossements .

Il n'en fallut pas plus pour remettre en questions l'origine de notre alphabet et imaginer - pur fantasme - l'existence d'une civilisation "glozélienne" très ancienne (...) dans ce recoin vallonné de la Montagne bourbonnaise .

J'ai connu Emile Fradin et - comme d'autres - j'ai fêté à ses côtés ses 100 ans il y a 10 ans . Je suis convaincu que M. Fradin n'était pas un faussaire (ce dont on l'accusa avant qu'il ne soit innocenté) et qu'il a, en 1924, réellement exhumé des " tablettes inscrites" entassées dans des fosses (sépultures ou fours de verriers).

Ces tablettes d'argile , ces gravures sur des os anciens, ces statues ont trompé dans les années 20 d'éminents archéologues : Henri Breuil, Salomon Reinach (2) André Vayson de Pradenne qui ont longtemps cru en l'existence d'un important site néolithique .

Les signes figurant sur les tablettes d'argile  remettaient ainsi en cause notre chronologie historique et ont alimenté de manière quelque peu iconoclaste des chroniques nationales (3) et internationales .

Si la présence toute proche de la station thermale de Vichy où se retrouvait la "haute société " de l'époque a probablement amplifié la résonance de la découverte (4), on ne peut qu'être étonné par les théories qui fleurirent alors et fleurissent encore par delà les analyses scientifiques : elles alimentèrent la littérature des Robert Charroux, Louis Pauwells ou Erich von Däniken.

La mesure par thermoluminescence (5) est cependant sans appel : elle indique pour les tablettes et autres céramiques une datation de trois à sept siècles avant J.C. pour les plus anciennes et du moyen-âge jusqu'au 18 ème siècle pour les autres...et du 20 ème siècle pour quelques autres .

 L’hypothèse néolithique un moment formulée est donc totalement écartée.
Une interrogation tout de même : les inscriptions alphabetiformes (gallo-romaines ou moyenâgeuses) sont une chose mais comment concevoir que ces mêmes inscriptions se retrouvent à côté de gravures (rennes, cerfs...) qui - elles - s'apparentent à des motifs du néolithique ancien ?

Sauf à imaginer que ces gravures ne soient pas de la même veine ...
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(1) hameau situé dans la commune de Ferrières-sur- Sichon (Allier)
(2) Conservateur du musée des antiquités nationales
(3) Revue L'Illustration du 3 septembre 1927
(4) l'affaire de Glozel fit à l'époque autant de bruit que la découverte du tombeau de Toutânkhamon par Howard Carter deux ans auparavant .
(5) 3 laboratoires dont celui du CEA à Saclay ont effectué ces analyses en 1970.Dans les années 1980 c'est  le laboratoire de Riso (Danemark) qui donne la datation la plus ancienne (600 à 730 avant J.C.) pour 3 tablettes d'argile avec inscriptions;

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