mercredi 10 février 2016

Pétrole : qui joue " à qui perd gagne " ?



Nombreux sont ceux qui se réjouissent de la baisse du prix du pétrole : les automobilistes certes mais aussi les Etats importateurs. Cela leur vaut probablement un demi-point de croissance du PIB supplémentaire. 

Tout particulièrement en profiteront les pays où, déjà, les "moteurs sont en route" et où la reprise s'accélère (l' Espagne dépassera cette année 3,5 % de croissance). L'effet sera probablement moindre en France où la croissance 2016 ne dépassera pas les 1,3 % ou 1,4 %. L'incidence de la baisse du pétrole est donc relative si les " moteurs " de l'investissement ne sont pas allumés.

Allant au-delà de nos petites frontières certains se réjouiront que les entreprises d'extraction de pétrole de schiste soient , aux Etats-Unis, au bord de la faillite (seuil de rentabilité : 60-70 $ ...) et que cessent les atteintes environnementales.

D'autres se réjouiront de ce que le pseudo Etat-islamique en soit obligé à brader "son" pétrole à 20 $ diminuant ainsi "ses" réserves et donc sa capacité de nuire.

Mais - bien au-delà - des pays émergents se trouvent en situation d'asphyxie (ou sortent avec peine leur tête hors de l'eau : tel est le cas des pays producteurs de pétrole en Afrique (Nigéria, Angola, Algérie..). Plusieurs de ces pays (qui n'arriveront pas à boucler leur budget) seront dans l'obligation de solliciter le F.M.I. ou de laisser se creuser la fracture sociale déjà béante. Nouveaux exodes, nouveaux migrants ? Telle est aussi en Amérique Latine la situation du Venezuela, du Brésil, de l'Argentine, de la Colombie...

Tout aussi délicate est la situation de la Russie dont le PIB 2015 a diminué de plus de 3% sous le coup de la baisse du pétrole et des sanctions économiques (Ukraine). Cela ne peut que contribuer à pousser la Russie vers la Chine alors que nombreux souhaiteraient amarrer la Russie à l'Europe .

Finalement qui est responsable ? A vrai dire on ne sait sauf à prêter l'oreille aux rumeurs : celles-ci prétendent que l'Arabie Saoudite - dans d'inquiétantes convulsions - voudrait ainsi "casser le bras" des producteurs de pétrole de schiste américain. Dans le même temps cela nuirait à l'Iran (ennemi n°1 de Riyad) qui revient juste sur le marché. D'autres assurent que cela profiterait aux Etats-Unis qui - en dépit de la fin de la guerre froide - voudraient affaiblir plus encore la Russie et empêcher l'ancien malade de reprendre des forces. Dans ce scénario machiavélique (cf. L'Afghanistan des années 1980) les Etats-Unis seraient ("bouche cousue") soutenus par l'Arabie Saoudite (cf. Iran : "les amis de nos ennemis sont nos ennemis").

Quoi qu'il en soit des hypothèses évoquées (et dont certaines relèvent peut-être de déviantes théories complotistes)la lecture de la situation est aussi trouble qu'un baril de pétrole brut.

 Et cela mérite bien que l'on se pose la question : dans ce jeu là qui perd? qui gagne ?


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